LGBTphobies : la Géorgie fermement rappelée à l'ordre par la CEDH
La Cour a pointé le « manquement des autorités à leur obligation de protéger des manifestants pacifiques contre des agressions homophobes et transphobes ».
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a fermement rappelé à l’ordre jeudi la Géorgie pour des violences « sans précédent » contre des manifestants de la communauté homosexuelle commises en 2013 à Tbilissi « avec l’approbation tacite de l’Etat ».
La Cour a pointé le « manquement des autorités à leur obligation de protéger des manifestants pacifiques contre des agressions homophobes et transphobes » ainsi que le « caractère inadéquat de l’enquête » menée sur ces agressions.
« Les autorités n’ont pas pris de mesures pour protéger les manifestants LGBT de la foule alors qu’elles étaient conscientes des risques liés à cet événement » et du « climat d’homophobie extrême régnant dans le pays », a ajouté la CEDH, donnant raison aux 37 requérants, 35 personnes et deux organisations de défense des droits des personnes LGBT+.
Les requérants avaient organisé une manifestation dans le centre de la capitale géorgienne le 17 mai 2013, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, explique la Cour dans un communiqué.
Ils avaient auparavant rencontré les autorités qui avaient assuré que leur sécurité serait garantie face aux « groupes radicaux » qui prévoyaient une contre-manifestation.
Mais lorsque douze des requérants sont arrivés en premier sur les lieux, ils se sont retrouvés face à « 35 à 40.000 contre-manifestants », dont des membres du clergé, qui scandaient des « insultes homophobes et des menaces de mort ».
Seuls « des barrières métalliques » et un « mince cordon de policiers non armés » les séparaient. « La police anti-émeute n’était pas présente », précise la Cour.
Ces contre-manifestants ont fini par franchir le cordon pour poursuivre les douze défenseurs des LGBT+ « en agitant des bâtons de bois » et des « matraques en fer ». Les requérants ont pu s’enfuir en montant dans des bus « mis à disposition par la police », par la suite attaqués par la foule.
L’un d’entre eux a expliqué avoir dû se cacher dans un supermarché, dont les sorties ont été bloquées par les agresseurs. Les employés du supermarché ont alors appelé la police, qui a forcé le manifestant à sortir des lieux « déguisé en policier » après lui avoir rasé la barbe « tout en tenant des propos homophobes ».
Dans son arrêt, la Cour a également estimé qu’« aucun résultat tangible » n’avait été obtenu dans les deux affaires pénales ouvertes suite à ces agressions.
Elle a souligné l’« incapacité », voire la « réticence » des autorités géorgiennes à enquêter sur les violences homophobes et transphobes.
La Géorgie devra verser 193 500 euros aux requérants, dont 10 000 euros à l’un des manifestants ayant souffert d’une commotion cérébrale, et 6 000 euros à celui humilié par la police dans un supermarché.
- La détresse de personnes LGBT+ après l'élection de Donald Trump
- Les deux assassins de l'élue brésilienne Marielle Franco condamnés
- Argentine : polémique après la sortie d'un ministre sur les identités sexuelles « inventées »
- Le président bulgare ratifie la loi contre la « propagande » LGBT+
- En Allemagne, les Marches des fiertés défient l'extrême droite