Six ans après, la CEDH dit « amen » à la prière punk des Pussy Riot
La Russie a été épinglée par la Cour européenne des droits de l'homme ce mardi 17 juillet pour ses atteintes à la liberté d'expression dans l'affaire de la prière punk des Pussy Riot en 2012, et celle de l'assassinat de la journaliste engagée Anna Politkovskaïa en 2006.
Semaine mouvementée pour les Pussy Riot. Après leur flamboyante action du dimanche 15 juillet, où ces activistes féministo-punk, allié.e.s des luttes LGBT+, ont fait irruption sur la pelouse du stade où se déroulait la finale France-Croatie, la Cour européenne des droits de l’homme revient sur leur prière punk dans la cathédrale moscovite du Christ Saint-Sauveur en février 2012.
Mardi 17 juillet, la CEDH a pris position sur la condamnation de trois des activistes qui avaient pris part à cette puissante action contre l’autocratie de Vladimir Poutine, largement soutenu par l’Église Orthodoxe, à des peines de prison pour « hooliganisme motivé par la haine religieuse ». Verdict ? La plus haute instance juridique d’Europe a estimé que la Russie avait « commis de multiples violation » par le biais de ces condamnations, ainsi que des « traitements dégradants » durant leur procès. Les trois militantes devraient ainsi obtenir la timorée somme de 32 000 euros de réparation pour le préjudice moral subi.
Veronika Nikoulchina, Olga Pakhtoussova, Olga Kouratcheva et Piotr Verzilov, qui ont courageusement pris part à la dernière action de Pussy Riot durant le Mondial 2018, ont été condamné.e.s à quinze jours de prison ainsi qu’à une interdiction d’approcher tout événement sportif durant les trois prochaines années. Maîtrisant parfaitement la com’ pour leurs actions radicales, les militant.e.s du groupe résistant ont profité du buzz pour dévoiler une nouvelle chanson contre l’état policier. Dans la description de la vidéo coup de poing sur YouTube, les activistes n’ont bien sûr pas manqué de lister une nouvelle fois leurs revendications politiques.
La Russie épinglée pour ses manquements envers la liberté d’expression
Plus globalement, ce sont les atteintes graves faites à la liberté d’expression en Russie que condamne là la CEDH. Le même jour, l’une des plus hautes juridictions européennes a aussi condamné la Russie pour son laxisme dans l’enquête au sujet de l’assassinat en octobre 2006 de la journaliste et militante des droits humains Anna Politkovskaïa (qui écrivait notamment pour la Novaïa Gazeta), connue pour avoir enquêté sans relâche sur la corruption et les violences des régimes de Vladmir Poutine ainsi que de Ramzan Kadyrov. Les juges de Strasbourg ont parlé d’une « violation du droit à la vie » au sujet de l’enquête, toujours en cours, qui n’a toujours pas puni les commanditaires, soupçonnés haut placés, de cet assassinat politique, tandis que les six personnes impliquées dans son exécution ont été condamnées à des peines de prison. Un arrêt, dont les autorités russes pourraient bien faire appel, somme la Russie de verser 20 000 euros à la famille de la journaliste pour préjudice moral.
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