Pédocriminalité dans l'Église : les différents profils des agresseurs
La commission Sauvé a estimé dans son rapport sur la pédocriminalité dans l'Église catholique en France entre 2 900 et 3 200 le nombreux d'agresseurs au sein de l'institution depuis 1950, et en a identifié plusieurs profils.
Le rapport de la commission Sauvé s’appuie sur des entretiens avec dix prêtres et un diacre agresseurs, ajoutés aux près de 2 000 cas d’agresseurs que l’École pratique des hautes études a examinés dans les archives de l’Église.
Nés entre 1933 et 1954, les dix prêtres et le diacre interrogés sont pour la plupart issus de milieux populaires. Aucun d’entre eux ne signale avoir été confronté, dans sa famille, à un manque d’attention ou d’affection. « Concernant leur conception du rôle de prêtre, la tendance la plus accentuée est celle qui assimile le sacerdoce avec l’écoute, l’aide, le soutien social », constate le rapport, précisant que tous sauf un défendent une vision plutôt horizontale de leur rôle.
Reproduction de la violence
Grâce aux entretiens et aux recoupements effectués dans les archives, il est possible d’établir que des jeunes séminaristes ayant été agressés pendant leur formation sont ensuite devenus eux-mêmes agresseurs. Certains prêtres déclarent avoir été eux-mêmes victimes, quand d’autres rapportent une grande proximité physique entre enseignants de séminaire et séminaristes, sans affirmer toutefois avoir fait l’objet de violences sexuelles.
Selon une étude dirigée par Florence Thibaut, membre de la Ciase, à partir des informations judiciaires, expertises psychiatriques et des enquêtes de personnalités contenues dans 35 dossiers judiciaires, les clercs auraient eux-mêmes été victimes d’agressions sexuelles dans l’enfance dans environ 27 % des cas étudiés.
Cependant, si la commission constate qu’il existe une certaine forme de reproduction des violences sexuelles par ceux qui en ont subi étant enfants, il n’est pas possible de soutenir qu’il existe en la matière une « spécificité de l’Église catholique ».
Dans l’Église catholique comme ailleurs, l’agresseur n’est pas un inconnu : il s’agit d’une personne déjà en lien avec la victime, qu’il fréquente de manière régulière dans le cadre d’activités éducatives (47 % des cas) ou pastorales (36 %).
Les lieux les plus fréquents des actes pédocriminels sont les établissements et internats scolaires (30 % des abus), le catéchisme et les aumôneries (21,2 %), les mouvements de jeunesse, y compris les camps de vacances et les pèlerinages (20,2 %), le bureau ou le domicile de l’abuseur (21,2 %).
Quant aux auteurs des violences, ce sont d’abord des prêtres de la paroisse (30 %), puis des enseignants membres du clergé (24,5 %), des aumôniers et animateurs de mouvements de jeunesse (14,8 %) et des religieux (7,7 %).
Différences sur la sexualité
Certaines des onze personnes auditionnées par la commission affirment s’être interrogées sur la sexualité dès l’adolescence, tandis que pour d’autres, cette question « n’apparaissait pas alors comme centrale ». Plusieurs des personnes interrogées déplorent que « la sexualité a été uniquement appréhendée sous le prisme du péché ».
Un peu plus de la moitié des prêtres interrogés se déclarent homosexuels, certains d’entre eux indiquant avoir eu des relations avec des adultes de leur âge, avant ou après l’ordination.
Philippe Portier, sociologue des religions et membre de la commission, a identifié trois types de prêtres grâce à l’audition de ces onze religieux : « ceux qui assument ce qu’ils ont fait, qui sont dans une perspective de demande de pardon, d’acceptation de leur propre responsabilité. Ils sont extrêmement rares », explique-t-il à l’AFP. Puis ceux qui « minimisent les faits », la catégorie la plus importante. « On dispose de leurs dossiers et on voit bien que les faits sont accablants », selon Philippe Portier.
Enfin, ceux qui estiment que l’agression n’a jamais existé. « Ils pensent qu’il y a une sorte de conspiration de l’Église, de l’État et des familles pour faire tomber un prêtre qui n’avait rien à se reprocher », ajoute-t-il.
Avec l’AFP
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