Artistes en exil (2/3) - Khaled Alwarea : Restaurer la mémoire d’une « communauté LGBTQ+ syrienne fière et active »
Khaled Alwarea parle d’un temps que les jeunes syrien.nes LGBTQ+ ne peuvent pas connaître. Celui des fêtes queer, des hammams gays, des rencontres dans les cafés. C’était avant la révolution syrienne de 2011, dont la répression sanglante a obligé l’artiste à trouver refuge en France. Aujourd’hui, au-delà de ses projets artistiques interrogeant la sexualité et l’identité, il compte bien en ressuciter la mémoire. Pour ceux qui sont partis, comme pour ceux qui sont restés au pays. Portrait.
Parmi les visiteur·euses venu·es à l’exposition « Déflagration » organisée par l’Atelier des Artistes en Exil pendant le mois des fiertés, en juin dernier, Khaled Alwarea navigue, l’allure élancée, les gestes souples du danseur. La danse, il l’approche dans certaines performances. Mais cet artiste de 33 ans touche à tout : scénographie, architecture, design d’intérieur, photographie, installations audiovisuelles… Près de lui, protégée sous une vitrine, se tient l'œuvre qu’il expose aujourd’hui : un rainbow flag, cousu main. Ses couleurs brillent discrètement sous les reflets de la lumière.
Venu tout droit de Syrie, ce drapeau est le seul témoignage matériel conservé par Khaled d’une époque révolue. L’archive d’une vitalité passée. Celle d’une « communauté LGBTQ+ syrienne fière et active, telle que j’ai eu la chance de la vivre, entre 2006 et 2011 ». À cette période, « internet et les applications de rencontre devenaient populaires. Nous nous rencontrions dans des cafés et des hammams gays » retrace-t-il. Chaque semaine, au cœur de Damas, la capitale, « nous organisions des fêtes, en louant des villas privées ».
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