À l'appel d'Act Up-Paris et de l'APF, environ 200 personnes handicapées manifestent pour la déconjugalisation de l'AAH
Environ 200 personnes, dont de nombreuses personnes en situation de handicap, se sont rassemblées dimanche 13 juin à Paris pour réclamer que le calcul de l'allocation adulte handicapé (AAH) ne soit plus assujetti aux revenus du partenaire.
« Je ne partage pas mon handicap, mon AAH non plus » ou « Fierté handi, mon AAH, mon autonomie », était-il ainsi écrit sur les nombreuses pancartes sur fond noir brandies par plusieurs manifestant·es, marchant ou roulant en cercle à l’appel de plusieurs collectifs et en scandant des slogans.
L’individualisation de l’allocation adulte handicapé (AAH) pour les personnes en couple est une mesure phare d’une proposition de loi qui sera discutée jeudi à l’Assemblée nationale.
En commission, gouvernement et majorité ont détricoté cette mesure, inquiétant les associations.
« À partir de 2 000 euros de revenus pour le conjoint, on n’a plus droit à l’AAH », s’insurge Pascale Ribes, présidente de APF France Handicap, sur le parvis de l’Hôtel de Ville. « Les ressources d’un conjoint ne font pas disparaître le handicap et on est ainsi à la merci de son compagnon. Déjà ils sont mis à rude épreuve et en plus ils doivent nous entretenir, c’est indigne ».
« C’est un débat qui dépasse les clivages politiques, je voudrais que des députés LREM ne votent pas ce texte », a-t-elle ajouté.
Certaines pancartes accusaient ainsi Emmanuel Macron ou Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, d’être « handiphobes ».
Au milieu des fauteuils roulants, des malades du VIH, des sourd·es appareillé·es ou encore des chiens d’aveugles, ainsi que des aidant·es, l’avocate Elisa Rojas qui souffre d’une maladie génétique provoquant une fragilisation des os, a déclaré : « Même si on perd cette bataille, après avoir déjà perdu celle de l’accessibilité, on gagnera la guerre de l’autonomie. Pourquoi devrait-on choisir entre amour et justice ? »
« Je passe le plus clair de mon temps chez moi, entre mes quatre murs », a raconté Dominique Barrot-Morigny qui souffre de sclérose en plaques. « Je ne travaille plus depuis 15 ans et je vis avec ma femme qui travaille et m’assiste. Si ça peut apporter un plus d’être là, tant mieux ». Dans son fauteuil, avec un bras dans le plâtre, l’homme de 60 ans est venu de Versailles.
« On tente de mettre une dernière pression pour faire bouger les lignes. En plus, les femmes handicapées sont souvent plus victimes de violences conjugales », explique Fatima, handicapée moteur en fauteuil.
La réforme a été amendée en commission mais a conservé une avancée : plus de 60 % des 150 000 couples dont le bénéficiaire de l’AAH est inactif conserveraient ainsi leur allocation à 903 euros, au lieu de 45 % des couples aujourd’hui.
Créée en 1975, l’AAH est destinée à compenser l’incapacité de travailler. Elle est versée sur des critères médicaux et sociaux. Plus de 1,2 million de personnes en bénéficient, dont 270 000 sont en couple, pour une dépense annuelle d’environ 11 milliards d’euros.
Avec l’AFP
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