Act Up-Paris poursuivie en diffamation par Valérie Pécresse : décision en mai
Le tribunal se prononcera le 21 mai sur le sort d'Act Up-Paris, poursuivie en diffamation par Valérie Pécresse pour une campagne de 2018 dénonçant la suppression de l'aide aux transports pour les étranger·es en situation irrégulière bénéficiaires de l'Aide médicale d'État (AME).
Act Up-Paris était jugée vendredi 2 avril par l’intermédiaire de son ancien président pour des affiches publiées en mai et juin 2018 sur différents supports, sur lesquelles figuraient un portrait de Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d’Île-de-France, avec la mention « Avis de recherche » et le mot-clé #pecressedelinquante.
« Le FN en rêvait, Pécresse l’a fait ! Déjà 100 jours que Valérie Pécresse ne fait pas appliquer par Île-de-France mobilités le jugement du tribunal administratif l’obligeant à redonner le droit à la solidarité transports aux personnes bénéficiant de l’Aide médicale d’État » (AME), écrivait l’association. « Par cette décision, elle fait le lit de l’épidémie de VIH et se rend coupable d’interruptions de traitements et de nouvelles contaminations », pouvait-on lire sur les affiches.
Valérie Pécresse, également présidente d’Île-de-France Mobilités, avait fait adopter dès son arrivée à la tête de l’exécutif régional une délibération « excluant du bénéfice de la réduction à 75 % des tarifs de transport les personnes en situation irrégulière ainsi que leur famille » bénéficiaires de l’AME.
Au moment de la campagne d’Act Up-Paris, le tribunal administratif avait annulé, après un recours d’élus, syndicats et associations, cette délibération et le conseil régional avait fait appel. Cette décision a plus tard été confirmée, forçant Valérie Pécresse à revenir sur la mesure.
« Il y a une volonté de provocation qui à mon sens jette l’opprobre sur les intentions de Mme Pécresse », a plaidé son avocate, Me Vinciane De Sigy. « Il était tout à fait possible de critiquer la décision » sans « outrager ainsi et utiliser des termes excessifs », a-t-elle poursuivi.
Elle a souligné que Valérie Pécresse avait formé des recours au moment des faits et qu’elle n’était donc pas dans l’illégalité, estimant qu’il n’y avait « rien » dans le dossier qui « permette d’établir ce lien entre suppression d’une réduction sur les transports et nouvelles contaminations ».
La procureure a estimé que les propos étaient diffamatoires tout en laissant au tribunal le soin « d’apprécier la bonne foi » du prévenu.
Valérie Pécresse, en tant qu’élue « d’envergure nationale », « doit accepter que ses décisions soient critiquées », a répliqué pour la défense Tewfik Bouzenoune. « Nous ne parlons pas de n’importe quelle association », a-t-il plaidé, rappelant l’histoire et les « actions coups de poing » d’Act Up. « Vous ne trouverez rien dans cette campagne (qui) dépasse les limites de la liberté d’expression, dans un débat d’intérêt national », a conclu l’avocat.
Avec l’AFP
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