Paris signe avec Adoma et l'Ardhis pour loger des réfugié.e.s LGBT+
Un accord de partenariat vient d'être signé entre la Ville de Paris, l'Ardhis et Adoma afin de pouvoir loger des personnes LGBT+ demandeuses d'asile ou en situation d'exil, très isolées, dans la capitale.
Paris fait un pas vers l’accueil des réfugié.e.s LGBTQI+. Représentée par Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris chargée de toutes les questions relatives à l’égalité femmes-hommes, à la lutte contre les discriminations et aux droits humains, Ian Brossat, adjoint à la Maire de Paris chargé de toutes les questions relatives au logement, à l’habitat durable et à l’hébergement d’urgence ainsi que Dominique Versini, adjointe chargée de toutes les questions relatives aux solidarités, à la lutte contre l’exclusion, à l’accueil des réfugiés et à la protection de l’enfance, la ville de Paris a signé ce mardi 10 juillet une convention avec l’Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et transsexuelles à l’immigration et au séjour (Ardhis) et Adoma (CDC Habitat), société spécialisée dans le logement social.
Ce document scelle un accord entre la capitale, Adoma et l’association LGBT+ : il permettra aux personnes exilées, demandeuses d’asile, réfugiées LGBT+ suivies par l’Ardhis de prétendre à l’un des 10 logements mis à disposition sur une année, parmi le contingent de la capitale chez Adoma, pour un total de 20 logements occupés simultanément, passé la première année. Un chiffre qui peut paraître dérisoire face à la crise de l’accueil actuelle, que dénoncent les associations telles que le BAAM. Mais la ville de Paris se veut optimiste : « Nous espérons que cela fera appel d’air auprès d’autres acteurs du logement », a confié un membre du cabinet d’Hélène Bidard.
Contactée par téléphone, Hélène Bidard a ajouté que l’intérêt de ce partenariat, sur lequel les différentes parties ont travaillé depuis 6 mois, était aussi de « former les personnes qui accueillent les personnes LGBT de manière non-discriminante dans les structures généralistes ».
« Un premier pas »
Sur les réseaux sociaux, les réactions des internautes sont majoritairement enthousiastes. Mais les militant.e.s LGBT+ les plus impliqué.e.s sur les questions d’accueil des personnes migrantes restent vigilant.e.s… et ne manquent pas d’exprimer combien cette mesure leur paraît insuffisante, face aux conditions actuelles d’accueil, très hétéronormées, faisant référence au cas de Moussa, et à la loi asile-immigration.
Ian Brossat a confirmé à Komitid que cet accord était « un premier pas » : « Je souhaite que l’on puisse aller au-delà, avec d’autres bailleurs parisiens pour monter en puissance et gagner en places de logement dans les années qui viennent. Ça a vocation à faire école ».
« On aurait besoin de travailler main dans la main avec l’État, mais aujourd’hui il a une politique lamentable qui consiste à fermer les yeux et à faire l’autruche. »
L’adjoint à la Maire de Paris a lui aussi reconnu que le nombre de logements mis à disposition était faible, par rapport à la demande, très forte, qu’il s’agisse de réfugié.e.s LGBT+ ou non : « Il est nécessaire d’augmenter considérablement nos capacités d’hébergement. La difficulté principale qu’on a aujourd’hui, à mon sens, est liée à l’incapacité qu’on a d’accueillir les personnes qui arrivent à Paris, avant même qu’elles n’aient fait une demande d’asile. On a maintenant, depuis 2015, 70 à 80 réfugié.e.s qui arrivent tous les jours à Paris. Si on n’a pas de centre de premier accueil, comme celui qui était à Porte de la Chapelle, inévitablement, ces personnes se retrouvent sur le trottoir parisien. On aurait besoin de travailler main dans la main avec l’État pour remettre en place un dispositif de premier accueil, mais aujourd’hui il a une politique lamentable qui consiste à fermer les yeux et à faire l’autruche, comme si le sujet n’existait pas, qu’il allait disparaître si l’on n’en parlait pas. Ça relève de la pensée magique ! Nous, on est prêts à travailler avec l’État sur ces sujets, mais actuellement, il est en dessous de tout sur la question. C’est un combat que nous menons et que nous souhaiterions mener à bien, de meilleure manière, mais on est en difficulté aujourd’hui car nous n’avons pas de partenaire sérieux ».
Les associations, premières sur l’accueil
Si ce premier pas parisien et l’énergie des parties impliquées poussent volontiers à l’optimisme, il reste secondaire par rapport au travail fourni par les associations d’aide aux personnes réfugiées ainsi que par les organisations LGBT+, qui n’ont pas attendu les actions institutionnelles pour palier à la crise de l’accueil, partout en France. En effet, un système de logement solidaire chez des particulier.e.s ayant des chambres vacantes dans leur domicile et la volonté d’accueillir des personnes exilé.e.s afin de rendre leur installation plus digne et plus humaine, est déjà mis en œuvre par des associations comme Urgence Tchétchénie (Urgence Homophobie) ou Singa.