Une nouvelle biographie de Patricia Highsmith décrit son antisémitisme virulent… et ses histoires d'amour avec des femmes juives
Patricia Highsmith, qui ne manquait pas de dire à ses proches et ses invité.e.s qu'elle « haïssait les juifs » a eu pourtant trois relations amoureuses parmi les plus importantes de sa vie avec des femmes juives.
The Guardian a lu une nouvelle biographie de l’autrice lesbienne Patricia Highsmith, à qui on doit notamment L’Inconnu du Nord-Express, Le Talentueux Mr Ripley ou encore Carol.
Avec le livre Devils, Lusts and Strange Desires, qui doit paraître jeudi 21 janvier au Royaume Uni, l’auteur Richard Bradford, qui a déjà publié de très nombreuses biographies d’écrivain.e.s (John Milton, Kingsley Amis, Philip Larkin, Alan Sillitoe and Martin Amis.), explore selon The Guardian « le paradoxe au cœur de sa vie ».
Patricia Highsmith, qui ne manquait pas de dire à ses proches et ses invité.e.s qu’elle « haïssait les juifs » a eu pourtant trois relations amoureuses parmi les plus importantes de sa vie avec des femmes juives.
« Il n’y a aucune preuve que Highsmith détestait secrètement ces deux femmes », déclare Richard Bradford, professeur d’anglais à l’Université d’Ulster au Guardian. « En effet, certainement dans les premières années avec Ellen, puis avec Marion, il y avait beaucoup d’affection et d’amour mutuels authentiques. Tout cela contribue à l’étrange énigme de Patricia Highsmith. »
Richard Bradford raconte comment Patricia Highsmith, qui aurait eu 100 ans aujourd’hui, provoquait l’indignation lors des dîners, disant aux invités à un « j’en ai marre des Juifs ».
Sa liaison avec Ellen Blumenthal Hill a débuté en 1950. « C’est devenu très tôt l’amour le plus durable de Highsmith, mais c’était aussi très orageux », dit Bradford.
Et pourtant, trois ans plus tard, alors qu’elles vivaient ensemble aux États-Unis, Hill a tenté de se suicider avec des barbituriques. Elles ont rompu en 1954 et ont continué une amitié non sexuelle, Hill visitant Highsmith en Europe.
Quelque chose de similaire s’est produit après la relation d’un an de Patricia Highsmith avec une autre femme juive, l’Américaine Daisy Winton, qui avait anglicisé son nom de famille. Highsmith a même envoyé à son ancienne amante un chèque de 5000 dollars peu de temps avant la mort de l’autrice en 1995.
Sa liaison de trois ans avec l’artiste d’origine française Marion Aboudaram a commencé après que cette dernière a accompagné Highsmith chez elle en 1976. Highsmith lui a dédié son roman Le Journal d’Edith en 1977. « Elles partageaient un sens de l’humour noir », dit Bradford. « Highsmith a également écrit dans son journal sur sa fascination pour le visage et les jambes de Marion. »
Devils, Lusts and Strange Desires, The Life of Patricia Highsmith raconte également les préjugés de l’autrice sur les Noirs. Elle-même se présentait comme une lesbienne qui détestait les femmes La date de sortie en France n’est pas encore annoncée. Mais l’année 2021 devrait aussi être marquée par la publication de ses journaux intimes (plus de 8000 pages) pour mieux connaître cette autrice paradoxale et fascinante.
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