L'intrigue de « It's A Sin », la nouvelle série de Russell T Davies centrée sur la crise du sida
Russell T Davies, le créateur de « Queer As Folk », explique dans un article du Guardian sa décision de centrer l’intrigue de sa nouvelle série « It’s A Sin » sur la crise du sida.
La nouvelle série de Russell T Davies, It’s A Sin, suit un groupe d’ami.e.s en 1981 à Londres qui grandissent avec l’épidémie de VIH/sida. Cette fiction sera diffusée en janvier sur Channel 4 au Royaume-Uni et sur HBO Max aux États-Unis. Le chanteur du groupe Years & Years, Olly Alexander, campe le rôle de Ritchie Tozer, un jeune de 18 ans qui décide de déménager à Londres, à la recherche de la renommée et du succès. Neil Patrick Harris et Stephen Fry font également partie du casting.
Dans un article publié sur The Guardian, Russell T Davies revient sur l’épidémie de sida et sa stigmatisation au travers des années. « Il y a des choses que je ne peux pas dire ici. Des hommes que je n’ose nommer. Le premier homme avec qui j’ai couché. Un homme que j’ai aimé pendant trois mois en 1988. Cet ami hilarant avec qui j’ai passé une semaine folle à Glasgow. Tous sont morts, maintenant. Et ils sont tous morts du sida », commence-t-il.
L’invisibilisation du sida
Il dénonce la honte présente autour de cette maladie et, de fait, son invisibilisation. « Je ne peux pas dire leurs noms parce que leurs familles ont dit qu’ils étaient morts d’un cancer ou d’une pneumonie. Et ils maintiennent cette histoire à ce jour. Même maintenant, j’ai dû changer quelques détails dans ces premières phrases, juste au cas où ».
« La stigmatisation et la peur du sida étaient si grandes qu’une famille pouvait passer par les funérailles, la veillée et ensuite des décennies de deuil sans dire ce qui s’était réellement passé », ajoute-il.
Il témoigne de sa culpabilité, de ne pas avoir suffisamment agi à l’époque. « J’ai été à des marches et j’ai donné un peu d’argent et j’ai dit à quel point c’était triste, mais vraiment, je ne pouvais pas vraiment la regarder. Cette chose impossible. Il y a des garçons dont je n’ai pas assisté aux funérailles. Des lettres que je n’ai pas écrites. Des parents que je n’ai pas vus ».
Après quelques années passées à refuser d’agir, Russell T Davies a décidé d’incorporer des thèmes LGBT+ dans ses créations. « Je suis resté occupé, regardant ailleurs, mais je suppose que j’ai aussi baissé les yeux. Vers le clavier. Et des histoires ont commencé à émerger dans mon travail. S’élevant. Traversant la page. En 1994, j’ai créé un adolescent séropositif de 15 ans pour Children’s Ward pour Granada Television ».
« Puis, après avoir inventé une série de personnages gays pour divers feuilletons — un vicaire lesbien, des écoliers amoureux, un barman gay en 1920 — j’ai inventé Queer As Folk en 1999. Le premier drame gay de Grande-Bretagne. Et les mots VIH et sida ont été prononcés… pas une seule fois », écrit-il.
Le sida, au centre de la nouvelle série de Russell T Davies
Il explique cette décision assumée de ne pas évoquer le sida dans Queer As Folk : « J’ai refusé de laisser nos vies se définir par la maladie. Alors je l’ai exclue sciemment. L’omission du sida était en soi une prise de position, et c’était la bonne chose à faire ».
Russell T Davies revient également sur son choix d’enfin aborder, en 2020, la maladie. « Enfin, j’ai écrit une série avec le sida au centre de la scène. Je pense que j’ai dû attendre jusqu’à maintenant, pour trouver ce que je voulais dire. Au fil des années, j’ai admiré de nombreuses œuvres magnifiques sur le sujet : Angels in America, Pose, Pride, Holding the Man, 120 battements par minute ». « Mais j’avais besoin de slalomer autour de ce truc, pour trouver mon propre chemin. »
Malgré le chemin qu’il reste à parcourir, le scénariste reste optimiste. « Le combat continue. La stigmatisation existe toujours. (…) Et pourtant, en même temps, le monde tourne et la vie continue ». « C’est étrange d’y penser. Que cela puisse aller et venir dans ma vie. Qu’un virus peut être un moment de l’histoire et rien de plus », ajoute Russell T Davies.
« Il est possible qu’un jour, le VIH et le sida ne soient qu’un souvenir. Une histoire. Comme un vieux drame qui était autrefois à la télévision ».
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