Journée mondiale : les pays riches ont abandonné les malades du sida à leur sort
Collectivement, les pays riches du Nord ont failli dans leur combat contre l'épidémie en n'aidant pas suffisamment les pays du Sud global, que ce soit en Afrique, en Asie ou dans les ex-pays de l'Est.
Le constat est alarmant. Et il n’émane pas d’une ONG mais bien de l’organisme des Nations unies chargé de la lutte contre le VIH/sida. Collectivement, les pays riches du Nord ont failli dans leur combat contre l’épidémie en n’aidant pas suffisamment les pays du Sud global, que ce soit en Afrique, en Asie ou dans les ex-pays de l’Est.
Aujourd’hui encore, faute de moyens, plus de 12 millions de personnes dans le monde attendent un traitement contre le VIH et selon la directrice d’Onusida, Winnie Byanyima, 1,7 million d’infections au VIH imputables à l’absence d’accès aux services essentiels ont été enregistrées en 2019. Les objectifs fixés il y a plusieurs années pour 2020 n’ont pas été atteints, loin de là. L’effort est conséquent mais bien en deçà de ce qu’il faudrait pour mettre fin à l’épidémie, un objectif de moins en moins réaliste.
Depuis vingt ans, sous la pression des activistes, les pays les plus riches s’étaient engagés à faire de la riposte au VIH/sida une marque de leur engagement dans l’aide aux pays les plus pauvres.
Pourtant, depuis vingt ans, sous la pression des activistes, les pays les plus riches s’étaient engagés à faire de la riposte au VIH/sida une marque de leur engagement dans l’aide aux pays les plus pauvres. Dans ces pays, il faut bien comprendre que ce sont souvent les personnes atteintes elles-mêmes qui font le job.
C’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit des personnes les plus vulnérables : les femmes, les travailleur.euse.s du sexe, les usager.ère.s de drogue, les personnes trans et intersexes, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Il ne faudrait pas croire que les discriminations qui frappent ces populations, et font le jeu de l’épidémie, seraient l’apanage de pays non démocratiques. Y compris en Europe. En Pologne et en Hongrie, le pouvoir en place discrimine les HSH. En France, on a pu voir monter des réactions indignées lors de campagne de prévention montrant des couples d’hommes… Comment dans ces conditions mener des politiques de prévention dignes de ce nom ?
La riposte au sida n’est pas à la hauteur des enjeux. On pourrait nous rétorquer que cette année en particulier, une autre épidémie a occupé l’attention et les moyens des États. Les pays les plus riches ont su trouver, selon des estimations fiables, dix mille dollars pour affronter cette crise sanitaire mais aussi économique et sociale. Le Fonds mondial estimait, lui, à 14 milliards (et les ONG à 20 milliards) les besoins sur trois ans (2020-2022) pour répondre aux besoins dans la lutte contre le sida, mais aussi la tuberculose et le paludisme, et avoir un impact.
Il ne s’agit pas d’opposer les épidémies. Il faut bien comprendre que la Covid-19 a frappé de façon disproportionnée, et de nombreuses études réalisées dans plusieurs pays le montrent, les personnes atteintes déjà fragilisées par d’autres pathologies ou victimes de discriminations. D’un point de vue économique, et sans aller chercher à l’autre bout de la planète, ce sont en France les plus précaires qui ont aussi subi de plein fouet les confinements et l’arrêt de nombreuses activités.
Alors que 2021 marquera les 40 ans de l’identification (aux États-Unis parmi des homosexuels masculins) des premiers cas de ce qui ne s’appelait pas encore le sida, le monde a failli à sa promesse et laisse mourir des malades du sida, faute d’avoir consacrer les ressources nécessaires, comme il s’y était engagé. Une trahison.
P.S. : L’épidémie de Covid-19 fragilise aussi les associations de lutte contre le VIH/sida en France. Sidaction qui agit en France mais aussi dans de nombreux pays du Sud, n’a pas pu mener ses collectes du printemps. Pour faire un don, allez sur le site de Sidaction.
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