Place des personnes LGBT+ en entreprise : « une inquiétante régression », selon un sondage
Moins de 45% des personnes LGBT+ ont révélé leur orientation sexuelle au travail en 2020, une chute de 11 points en deux ans, « une inquiétante régression » de l'inclusion, selon un sondage publié le 9 octobre dans le magazine Têtu.
« Pour la première fois depuis la création du sondage en 2014, on observe une véritable régression concernant l’inclusion des LGBTQ+ en entreprise », détaillent le Boston consulting group (BCG), qui a réalisé le sondage, et le magazine gay Têtu. « Seul.e.s 43 % d’entre eux sont “out” au travail, soit un recul de 11 points par rapport à 2018 », selon cette enquête à laquelle ont participé 1.053 personnes.
« En France, on est en retard, en particulier par rapport aux pays anglo-saxons, mais d’habitude on progresse. Cette année, l’ampleur du recul est inquiétante », explique à l’AFP le président de Têtu, Albin Serviant.
De plus, 38 % des personnes LGBT+ « estiment qu’être “out” au travail représente un désavantage, contre 30 % en 2018 », date du dernier sondage. Près de la moitié (47 %) se disent prêts à mentir à leur manager sur leur orientation sexuelle, et 22 % des personnes LGBT+ déclarent « ne pas avoir été eux-mêmes » au sein de leur entreprise.
Le BCG et Têtu avancent plusieurs pistes pour expliquer le recul de 11 % des coming out au travail, parmi lesquelles le travail à distance.
« Le télétravail a déshumanisé en partie nos interactions professionnelles : on ne s’attarde plus pour échanger sur qui nous sommes, mais seulement sur ce que nous faisons et produisons », analyse Thomas Delano, du BCG.
Ils pointent également « l’émergence de sujets clivants dans le débat public et la multiplication de prises de parole conservatrice », « moins propice » aux personnes LGBT+.
Par ailleurs, les personnes non gays, parmi lesquels les lesbiennes et les bisexuel.le.s, ont été beaucoup plus nombreuses (+74 %) à répondre au sondage, or « ces populations sont historiquement moins enclines à faire leur coming out », selon l’enquête.
Plus des deux tiers des personnes qui cachent leur orientation sexuelle au travail attendent des actions concrètes de la part des entreprises avant de faire leur coming out. Sur les sujets de diversité et d’inclusion, les entreprises de moins de 1 000 salariés sont « nettement plus en retard » : dans ces structures, seul une personne LGBT+ sur quatre pense que son entreprise a progressé au cours des dernières années.
Avec l’AFP
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