Subventions aux associations LGBT+ : l'argent ne fait pas tout mais quand même !
Le Conseil de Paris doit voter pour un doublement des subventions aux associations LGBT+ la semaine prochaine. Mais historiquement, le milieu associatif français souffre d'un sous-financement chronique.
C’est un fait. En France, historiquement, le milieu associatif LGBT+ est sous-financé, emploie très peu de salarié.e.s et de professionnel.le.s et les pouvoirs publics ont l’air de trouver ça tout à fait normal. C’est un des chevaux de bataille d’activistes comme Alice Coffin, dont l’essai magistral Le Génie lesbien, paru le 30 septembre, consacre plusieurs pages à cette spécificité française.
Sans vous abreuver de chiffres, on peut aisément se rendre compte que dans bon nombre de pays, en particulier au Royaume Uni, aux États-Unis, en Allemagne, des pays riches comme l’est la France, et dans lesquels la communauté LGBT+ est organisée, les budgets des associations sont sans commune mesure avec ceux des associations françaises.
Faiblesse du milieu associatif
Certes, toutes les associations ne sont pas logées à la même enseigne. Le Refuge, très connue médiatiquement et œuvrant sur l’ensemble du territoire, a reçu en 2019 662000 euros de subventions et a récolté près de 2,6 millions euros de dons et legs. C’est ce qui ressort du bilan établi par la société Cazes Goddyn et disponible sur le Journal Officiel des associations. Le Centre LGBT Paris-Ile-de-France, qui couvre un vaste territoire, affichait dans son prévisionnel 2019 des subventions à hauteur de 190000 euros et 10000 euros de dons. Par beaucoup d’associations, le budget ne dépasse pas quelques dizaines de milliers d’euros… Pour les moins mal loties. Ces chiffres en disent longs sur la faiblesse du milieu associatif.
Solidarité communautaire
Certes, des actions ont été menées, comme celle de débloquer des fonds pour payer des nuits d’hôtel lors du confinement, pour des jeunes LGBT+ en souffrance, coincés chez eux avec des parents ou des proches homophobes. Le bilan de cette opération n’a pas encore été réalisé. Mais c’est surtout sur la solidarité communautaire qu’il faut compter. Ainsi, pour les personnes trans et les du sexe, l’association Acceptess-T et Solidarité Sida ont monté le Fast (Fonds d’action sociale Trans) et les bénévoles n’ont pas chômé ces derniers mois.
La formule est connue : « l’argent ne fait pas le bonheur ». Quoique. Une chose est sûre en tout cas. Sans moyens financiers associatifs conséquents, ce sont les personnes les plus vulnérables et les plus éloignées des centres villes et des grandes associations qui en font les frais.
La Mairie de Paris doit annoncer la semaine prochaine un doublement des subventions aux associations LGBT+, pour passer de 200000 euros à 385000 euros. C’est sans doute un premier pas. Mais qui risque de s’avérer très insuffisant, nous y reviendrons. Comparaison n’est pas raison mais pour information, The Center, le centre LGBT+ de New York, affichait en 2019 un budget de 16 millions de dollars (plus de 13,5 millions d’euros). Avec de telles ressources, il peut avoir des missions très élargies en matière de santé et de support, un coup d’oeil sur son site permet de s’en convaincre. L’argent ne fait pas tout mais quand même !
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