Grande-Bretagne : un plan pour améliorer la vie des personnes LGBT+
Le Parlement britannique a adopté un plan d'action doté de 4,5 millions de livres pour faire de la Grande-Bretagne « un pays où personne ne ressent le besoin de se cacher ». Un simple « point de départ » et un budget « dérisoire » pour les activistes LGBT+.
Trente ans après l’affaire de la section 28, une clause de loi particulièrement controversée adoptée par le gouvernement Thatcher en 1988, qui visait à interdire la promotion de l’homosexualité, c’est la révolution outre-Manche. Hier, le Parlement Britannique a dévoilé les détails d’un nouveau plan d’action, doté d’un budget de 4,5 millions de livres.
La Première ministre Theresa May a expliqué sa volonté politique en ces mots : « je veux nous aider à devenir un pays où personne ne ressent le besoin de se cacher, quel qu’ils ou elles soient, quelle que soit la personne qu’ils ou elles aiment ».
Le plan proposera entre autres de lutter concrètement contre les discriminations au quotidien, au travers de l’intégration de cours sur « les rapports humains » dans les programmes scolaires, de lutte contre le harcèlement scolaire, et de la création de la fonction de conseiller national à la santé des personnes LGBT+. La formation des forces de police fait également partie des dispositions pour lutter contre les agressions verbales et physiques.
L’annonce du plan s’est accompagnée de celle du lancement d’une consultation pour réformer et compléter le « Gender Recognition Act », afin que les personnes trans puissent changer leur état civil par simple déclaration.
En revanche, aucune annonce n’a été faite sur le sort des personnes LGBT+ ou séropositives menacées d’expulsion. À cause de cette absence, le militant politique Peter Tatchell, dans les pages du Guardian, a qualifié le plan de « point de départ » et le budget de 4,5 millions de livres de « dérisoire et insultant ».
Une enquête historique
Le plan a été élaboré à partir des résultats d’une enquête menée par le Bureau gouvernemental des égalités. Il s’agit de « la plus grande enquête de ce type au monde qui nous permet d’avoir une idée bien plus claire des problèmes rencontrés au quotidien par les personnes LGBT », a expliqué Penny Mordaunt, secrétaire d’État aux Femmes et à l’Égalité. Elle s’est exprimée dans une longue tribune publiée par le quotidien The Independent.
Elle est établie sur la base des réponses de 108 000 personnes se définissant comme personnes LGBT+. Sans surprise, le rapport a montré qu’elles étaient la cible de préjugés au quotidien : par exemple, 2 personnes sur 3 se retiennent de tenir la main de leurs partenaires en public. Les résultats montrent aussi que 40 % des personnes LGBT ont subi une agression verbale ou physique à cause de leur orientation sexuelle.
Les thérapies de conversion dans le viseur
Mesure phare de ce plan, le gouvernement veut éradiquer la pratique des thérapies de conversion. D’après son enquête, 7 % des membres de la population LGBT se sont vus proposer une telle thérapie, et 2 % l’ont suivie. « Nous examinerons toutes les options, législatives ou non, pour interdire la promotion, l’offre et la conduite de thérapies de conversion », a déclaré Penny Mordaunt.
Ces thérapies de conversion sont menées dans une majorité de cas (51 %) par des groupes religieux, et, dans une moindre mesure, par des professionnels de santé ou par un proche (respectivement 19 % et 16 % des cas), selon l’enquête.