Mathieu Magnaudeix : « Pour les activistes, Ruth Bader Ginsburg était une figure morale et une inspiration »
Mathieu Magnaudeix, journaliste et auteur d'un essai sur les nouveaux activistes, évoque ce que Ruth Bader Ginsburg représentait pour les nouvelles générations de militant.e.s.
Après avoir couvert pour Mediapart la campagne du candidat Macron pendant les élections présidentielles françaises, le journaliste Mathieu Magnaudeix est, depuis 2017, le correspondant du site d’information aux États-Unis. Dans Génération Ocasio-Cortez, Les nouveaux activistes américains, Mathieu Magnaudeix dresse le portrait de celles et ceux qui renouvellent l’engagement politique aux États-Unis en racontant leurs parcours et leurs méthodes.
Nous lui avons demandé de réagir à la mort (le 18 septembre dernier) de Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême, figure majeure du combat féministe et pour les minorités ces dernières décennies.
Komitid : Vous avez écrit sur les nouveaux activistes américain.e.s. Que représentait Ruth Bader Ginsburg pour ces militant.e.s et savez-vous comment ils et elles ont réagi à sa mort ?
« C’est comme si nombre d’Américain.e.s voyaient sa présence à la Cour Suprême, et sa propre survie, comme une preuve que la démocratie américaine était toujours vivante face aux assauts de Trump. »
Quel est son apport sur les questions féministes et les questions LGBT+ ?
Deuxième femme nommée à la Cour Suprême en 1993, Ginsburg a confondé l’ACLU, la célèbre organisation de défense des droits humains aux États-Unis. On peut citer l’arrêt « United States vs. Virginia » (1996) qui a inscrit dans le marbre le droit plein et entier des femmes d’accéder à l’université, ou ses positions constantes défendant l’avortement. Elle a évidemment défendu le mariage des couples de même sexe (2015). Mais elle s’est aussi rendu célèbre par des positions défendant les immigrés, les travailleurs ou les personnes souffrant de handicap.
Sa disparition signifie-t-il que les droits des femmes et des personnes LGBT+ pourraient être remis en cause par la Cour suprême ?
Enfin question subsidiaire : RBG était connue pour ses phrases définitives. Y en a-t-il une en particulier que vous aimeriez citer ?
« I ask no favor for my sex. All I ask of our brethren is that they take their feet off our necks » (dans le documentaire RBG, de Juli Cohen et Betsy West).
Autrement dit : « Je ne demande pas de faveur pour mon sexe. Tout ce que je demande de nos frères c’est qu’ils enlèvent leurs pieds de nos nuques ». Tout est dit, non ?
« Génération Ocasio-Cortez, les nouveaux activistes américains », de Mathieu Magnaudeix, Éditions La Découverte, 290 pages, 19 euros.
- « Nous voulons porter un message de solidarité » : la Marche des Fiertés parisienne mobilisée contre la transphobie
- « Je ne fais pas juste du visuel, il y a quelque chose de très politisé dans ce que je souhaite transmettre »
- 3 questions à la Fédération des festivals de films LGBTQIA+
- How to become : 3 questions sur la revue « The Daughters of Darkness »
- « L'univers drag brille par sa richesse et sa variété »