Le parquet de Paris ouvre une enquête pour viol contre Christophe Girard
Une enquête a été ouverte contre Christophe Girard pour « viol par personne ayant autorité » par le parquet de Paris à la suite des accusations d'Aniss Hmaïd dans le New York Times. L'élu a annoncé son retrait du Conseil de Paris.
Christophe Girard, élu au Conseil de Paris et au Conseil municipal du 18ème arrondissement, est visé par une enquête pour « viol par personne ayant autorité », a annoncé le parquet de Paris mardi 18 août. Le New York Times a publié un article dimanche dernier dans lequel Aniss Hmaïd, un ancien employé de Christophe Girard, accuse l’élu de l’avoir contraint à avoir des relations sexuelles pendant les années 90. L’homme, aujourd’hui âgé de 46 ans, avait 15 ans au moment de leur rencontre.
Aniss Hmaïd décrit une « relation abusive de près de dix ans qui lui a laissé des blessures psychologiques durables » au quotidien américain. « Il a profité de ma jeunesse, de mon jeune âge et tout ça pour ses plaisirs sexuels », explique-t-il. « Ça a détruit ma vie en fait. Aujourd’hui je me considère une terre brûlée ».
Aniss Hmaïd affirme au New York Times qu’entre 1990 et 1998, alors qu’il était âgé de 16 à 24 ans, Christophe Girard l’a contraint à une vingtaine de rapports sexuels. Contacté par le quotidien, l’élu nie les faits et qualifie les accusations de « calomnie ».
Contestations pour la nomination de Christophe Girard à la culture
Le 3 juillet 2020, Christophe Girard est reconduit au poste d’adjoint à la maire de Paris chargé de la culture, après avoir été élu conseiller municipal dans le 18ème arrondissement, cinq jours avant.
Cette nomination est fortement contestée par les élu.e.s écologistes, en particulier Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu, qui demandent sa démission. Les élu.e.s dénoncent les liens entre Christophe Girard et l’auteur Gabriel Matzneff, accusé de pédocriminalité. Une manifestation est organisée le 23 juillet sous les fenêtres de l’Hôtel de Ville, où se tenait le premier conseil de Paris de la mandature. Selon le New York Times, Aniss Hmaïd est présent à ce rassemblement.
Quelques heures plus tard, Christophe Girard démissionne de son poste à la culture. Anne Hidalgo « prend acte de cette démission », « salue cette décision courageuse » et « lui renouvelle toute son amitié », selon son entourage interrogé par l’AFP.
Un hommage lui est rendu le lendemain au Conseil de Paris, où le préfet Didier Lallement déclare : « Je voudrais saluer l’homme Christophe Girard qui nous a donné hier une grande leçon de dignité ». Cette prise de parole est suivie d’une standing ovation des élu.e.s. La seule contestation vient d’Alice Coffin qui s’exclame : « La honte ! La honte ! »
Enquête pour « viol par personne ayant autorité »
Le parquet de Paris a confié l’enquête à la brigade de protection des mineurs de la direction régionale de la police judiciaire. Celle-ci doit déterminer « si les faits énoncés sont susceptibles de caractériser une infraction pénale et si, au vu de leur ancienneté, la prescription de l’action publique est acquise », explique le parquet.
« Les faits dénoncés étant prescrits, la parole de l’accusateur, contre la parole de l’accusé, est laissée à l’appréciation du tribunal de l’opinion, où trop souvent une présomption de culpabilité en matière d’infractions sexuelles a pris le pas sur la présomption d’innocence », déclare l’avocate de Christophe Girard dans un communiqué.
En attendant, l’élu a annoncé mardi à l’AFP son retrait temporaire du Conseil de Paris. « Par souci de sérénité et du bon fonctionnement de la majorité au sein du Conseil de Paris, j’ai proposé à Anne Hidalgo (…) ma mise en retrait le temps de l’enquête préliminaire et pour mieux me défendre », affirme-t-il via son avocate.
Rémi Féraud (PS), le président de Paris en Commun, écrit sur Twitter : « L’enquête permettra à la Justice d’établir la vérité sur les accusations graves portées contre Christophe Girard dans l’article du New York Times. Dans l’attente de ses conclusions, j’ai demandé à Christophe Girard de se mettre en retrait du [groupe Paris en Commun] au Conseil de Paris ».
David Belliard (EELV), maire-adjoint à Paris, prend la défense d’Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu et écrit qu’en « juillet, des élues écologistes ont été prises pour cibles pour avoir demandé la démission de Girard. Depuis, les dossiers s’amoncellent et la justice se saisit de l’affaire. Notre majorité doit être exemplaire : Girard ne peut plus en faire partie ».
Anne Hidalgo, qui avait pourtant soutenu l’élu au moment des manifestations en juillet, a publié un communiqué sur les réseaux sociaux pour défendre Aniss Hmaïd. La maire se « satisfait de l’enquête préliminaire qui s’ouvre et qui permettra à la victime de s’exprimer, de participer à la manifestation de la vérité compte tenu de la gravité des faits reprochés à Christophe Girard ».
« En tant que Maire de Paris et militante féministe pour l’égalité des droits, je réaffirme mon soutien indéfectible à toutes les victimes de viols et d’agressions sexuelles et serai toujours à leur côté », ajoute-elle. « Je crois à l’État de droit et ai toute confiance en la justice de mon pays et souhaite que cette enquête se déroule sereinement afin que la vérité judiciaire soit établie ».
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