« Il faut en être ! » (1/4) : visite guidée du Paris des « invertis », des « folles » et des « garçonnes »
Spécialiste du répertoire d'opérette et de la comédie musicale durant l'entre deux-guerres, Christophe Mirambeau nous propose cet été, en quatre articles, une plongée dans cette période si riche artistiquement pour la visibilité des personnes LGBT+.
Musicographe et auteur pour le théâtre musical, spécialiste du répertoire d'opérette et de la comédie musicale durant l'entre deux-guerres, Christophe Mirambeau nous propose cet été, en quatre articles, une plongée dans cette période si riche artistiquement pour la visibilité des personnes LGBT+.
Premier épisode : visite guidée du Paris des « invertis », des « folles » et des «garçonnes »
L’armistice de 1918 a signé la fin d’une époque. La paix nouvelle autorise l’expression des particularismes sexuels, expression de cette liberté chèrement acquise. La « pratique homosexuelle » prend alors une signification nouvelle : naguère vice scandaleux fustigé par les moralistes, l’« inversion » - selon le terme alors en usage — s’apparente désormais à une forme de rejet de ces valeurs d’avant 1914 qui conduisirent l’Europe à la Grande Boucherie. Et si l’homophobie demeure, l’Inverti, le Pédéraste et la Folle peuvent s’offrir une fenêtre de visibilité – spécialement à Paris – tolérée d’autant mieux que le délit d’homosexualité n’existe pas au regard de la loi française. Paris, au même titre que Berlin, tient son rang de grande capitale homosexuelle, et témoigne alors de ce « vent de liberté » qu’évoqueront les acteurs français des mouvements de libération gay des années 70.
Aussi, de nombreux établissements homosexuels et lesbiens ouvrent leur porte.
Les invertis chics et argentés d’entre-deux guerres se retrouvent dans des établissements tels le fameux Bœuf sur le toit de la rue de Penthièvre, où l’on croise l’avant-garde artistique comme les personnalités parisiennes et étrangères au son des deux pianos de Wiener & Doucet, mais aussi Chez Tonton à Montmartre, à La petite Chaumière de la rue Berthe – tenue par l’étonnant Monsieur Tagada.
Les dames vont chercher quelques voluptueuses et décadentes émotions au Monocle du Boulevard Edgard Quinet - où les filles savent se transformer en de très convaincants garçons - ou encore dans le cabaret de Suzy Solidor – La Vie Parisienne du 12 de la rue Sainte-Anne, sans oublier Le Siroco, une boite tenue pendant l’Occupation par la comédienne et chanteuse Jane Stick au 70 rue de Ponthieu.
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