Burlesque (3/5) - La Big Bertha, « Ubu Reine »
La Big Bertha est l’une de ces créatures qui enchantent les scènes, petites et grandes et qui se jouent des codes et des normes. Portrait pour notre série sur le burlesque queer.
Contrairement à une image hétéronormée, basée sur l’excitation entre l’homme et la femme, le burlesque est en réalité un art queer. Après un renouveau aux États-Unis dans les années 1990, le « new burlesque » est revenu animer les scènes européennes grâce à un merveilleux mélange d’effeuilleuses et d’effeuilleurs de tous horizons. Pour Komitid, une série d’artistes racontent comment iels jouent avec les codes du tease et de la satire. Après Jeez Loueez et Peekaboo Pointe, place à La Big Bertha.
Troisième épisode de cette série d’été : La Big Bertha
En faisant le lien entre le drag et l’effeuillage burlesque, La Big Bertha dénote et incarne le renouveau du cabaret français. Loin des formats imposés (et normés) et d’un héritage porté par le Lido ou le Crazy Horse, la scène hexagonale s’épanouit dans les marges.
La Big Bertha est l’une de ces créatures qui enchantent les scènes, petites et grandes. Performeuse « draglesque », elle* n’a pas d’âge mais on peut parler en années de carrière, une dizaine environ. Issue du théâtre, La Big Bertha est apparue d’abord dans des soirées privées, sous forme de déguisement. « Les potes te disent que c’est hilarant, raconte-t-elle à Komitid, puis tu commences à te poser sur l’idée même du personnage. » L’identité de La Big Bertha se construit au fur et à mesure. Originaire du Sud-Ouest, elle migre vers Paris. Assez rapidement, on la retrouve à l’entrée des clubs gays pour accueillir les gens, « faire des bisous et boire des verres ». Pendant cinq ans, elle « ambiance les salles au micro ». « À un moment, t’es devant 100 personnes et tu sais sur quel fil tirer pour faire réagir mais tu n’as aucun processus créatif. Et tu te fais chier. »
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