Transphobie : le meurtre de Jessyca Sarmiento ne doit pas rester impuni
La transphobie, ça suffit ! Une semaine après le meurtre de Jessyca, travailleuse du sexe trans, les pouvoirs publics doivent mettre tout en œuvre pour assurer la sécurité des personnes trans.
[Mise à jour] Lieu de la manifestation
Jessyca Sarmiento a été assassinée la semaine dernière au Bois de Boulogne.
Jessyca Sarmiento était une travailleuse du sexe trans d’origine péruvienne. Depuis sa mort, les associations de soutien aux personnes trans sont en colère.
Car ce crime s’ajoute aux nombreux actes de haine transphobes, des actes qui semblent même se multiplier. Ce décès survient un an et demi après la mort d’une autre travailleuse du sexe trans péruvienne, Vanesa Campos, tuée par balle en août 2018, déjà au Bois de Boulogne.
Lundi soir, lors du débat sur les municipales organisé au Centre LGBT et que nous animions, une minute de silence a été observée au début de la réunion à la mémoire de Jessyca. Et un peu plus tard dans la soirée, le témoignage de Diane, membre de l’association Acceptess-T a glacé l’assistance. Selon l’association, il y aurait eu 10 assassinats de travailleurs et travailleuses du sexe en 2019.
Au niveau mondial, les chiffres donnent la mesure de ce phénomène. Selon l’ONG internationale basée à Berlin Transgender Europe, 331 personnes trans ont été assassinées entre le 1er octobre 2018 et le 30 septembre 2019 (3 314 depuis 2008). Parmi elles, on trouve une écrasante majorité de femmes racisées et/ou travailleuses du sexe (TDS). Les pays qui comptent le plus de meurtres transphobes sont le Brésil (132), le Mexique (65) et les États-Unis (31).
Pour les associations, chaque mort est un nouveau coup porté à la dignité des personnes trans et montre aussi la fragilité de leur combat. Comme le confiait en avril dernier Giovanna Rincon, directrice d’Acceptess-T à Libération, à propos de la mort de Vanesa Campos, « cette histoire a entraîné une forme d’intériorisation, de normalisation des violences »
Comment ne pas s’indigner avec elle de l’absence de réponse forte du gouvernement suite à la mort de Jessyca ?
C’est bien sûr la sécurité des personnes trans qui est en jeu et au delà, leur citoyenneté. Il y a aussi la violence des mots, l’attitude transphobe de l’administration ou de certains services médicaux. On se souvient de Julia, femme trans agressée place de la République à Paris, au printemps 2019 et de la mobilisation qui a suivi.
Mais depuis, malgré les beaux discours, la situation ne s’améliore pas pour les personnes trans. Ce qui est aussi en cause ici, c’est l’extrême précarité et l’insécurité des TDS depuis la mise en place de la loi sur la pénalisation des clients. Une loi tout sauf efficace, en terme de sécurité des personnes et de santé. De nombreuses associations dénoncent ses effets extrêmement négatifs.
Vendredi dernier, un hommage a été rendu à Jessyca sur les lieux du drame. Après le temps du deuil, vient celui de la colère. Nous n’acceptons plus que les violences faites aux personnes trans se multiplient sans qu’une réponse forte soit apportée par les pouvoirs publics. Ils doivent agir pour protéger les personnes et pour faire évoluer les mentalités.
Samedi 29 février, Acceptess-T et de nombreuses associations LGBT+ appellent à une manifestation et un temps de recueillement pour demander justice pour Jessyca et dont le rendez-vous est fixé au départ de l’allée de la Reine Marguerite à 16 heures. Faisons en sorte que nous y soyons nombreux et nombreuses.
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