Sextape de Benjamin Griveaux : et s'il s'était maintenu ?
Benjamin Griveaux aurait pu s'inspirer d'une actrice hollywoodienne dont la carrière n'a pas été ébranlée mais bien au contraire relancée après une affaire de calendrier nu.
Lorsqu’il y a une semaine, l’affaire de la sextape de Benjamin Griveaux a éclaté, je n’ai pu m’empêcher de penser à une autre affaire, bien plus ancienne mais dont la conclusion s’est faite au bénéfice de l’intéressée. J’ai en effet immédiatement connecté les malheurs de l’ex-candidat à la Mairie de Paris, avec le scandale du calendrier de Marilyn Monroe.
Flash-back. Nous sommes en 1952, à Los Angeles et la carrière de la star hollywoodienne prend enfin son envol. Elle vient de jouer dans un rôle dramatique de femme psychopathe dans le troublant Troublez-moi ce soir. Tout semble lui sourire. Mais dans l’Amérique ultra-puritaine des années 50, une rumeur risque de compromettre son futur dans l’industrie du cinéma.
Quelques années plus tôt, Marilyn a posé entièrement nue pour un calendrier ! Le studio ne sachant pas comment gérer la crise, c’est l’actrice elle-même qui prend les devants, convoque la presse et évoque ses difficultés de l’époque pour payer son loyer. Elle s’en sort avec un trait d’humour dont elle était coutumière : « J’ai été sur un calendrier mais je ne suis jamais à l’heure. »
Retour au présent. Le contexte est évidemment tout autre, mais si l’on voulait faire un peu de politique fiction, on pourrait imaginer pour Benjamin Griveaux une issue beaucoup plus glorieuse que cette déclaration sinistre sur fond neutre, presque comme dans un commissariat de police, d’un candidat qui jette l’éponge. De nombreuses personnalités, dont Ovidie, que nous avions cité dans notre précédent édito, ont en effet critiqué la démission du candidat de la République en Marche en rase campagne. Une défaite sans avoir mené la bataille.
Je ne doute pas que si Benjamin Griveaux avait pu réfléchir aux conséquences politiques positives de son maintien dans la course, il aurait pu faire appel à une armée de communicant.e.s capables de préparer la riposte. En s’appuyant sur un point central : la victime, c’est lui. En envoyant des photos à caractère sexuel, il a fait ce que font des millions d’hommes et de femmes (perso je ne l’ai jamais fait mais c’est une autre histoire) dans le monde à d’autres adultes consentants.
De plus, l’argument de celui qui a révélé ces images selon lequel Benjamin Griveaux était hypocrite en s’affichant avec sa femme dans les journaux mais en faisant autre chose dans sa vie privée ne tient pas non plus et aurait facilement pu être démontée. Au pays des Tartuffe, Pavlenski est le nouveau roi.
Mais encore eut-il fallu que Benjamin Griveaux accepte de se placer du côté des victimes. Ce qui, et je suis en plein accord avec l’activiste Gwen Fauchois sur ce point n’est pas gagné. Comme elle le dit sur Facebook : « Il est logique qu’il ait refusé de s’associer aux classes dominées, il n’en partage pas les intérêts. (Et même s’il avait assumé, il y a tout à parier que ç’aurait été non pas pour s’associer aux victimes de revenge porn ni pour questionner le rapport public du pouvoir à la sexualité mais plutôt pour lui permettre de se réaffirmer). »
Au lieu de contre attaquer la tête haute, pour faire de cette dénonciation un trophée, pour y compris utiliser l’humour comme en son temps Marylin avait su le faire, Benjamin Griveaux a renvoyé le sujet de la sexualité à la honte et au placard. Il donne aussi raison à toutes celles et ceux qui depuis une semaine répète à l’envie qu’il aurait dû se montrer plus prudent. Il donne enfin crédit à une action, qui sous couvert de dénoncer l’hyprocrisie, ne vise qu’à démolir, sans argument politique, le déroulement d’une élection.
C’est évidemment un très mauvais message de la part de Benjamin Griveaux. Mais pouvait-il en être autrement ?
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