Diako Yazdani, réalisateur de « Toutes les vies de Kojin » : « La colère que j’avais quant au silence sur l’homosexualité m’a donné envie de faire quelque chose »
Le cinéaste Diako Yazdani est retourné au Kurdistan irakien pour filmer Kojin, jeune gay qui cherche à s’émanciper dans un contexte d’homophobie poussée à son maximum. Un documentaire sensible, drôle parfois et passionnant.
Réfugié politique en France, le cinéaste Diako Yazdani est retourné au Kurdistan irakien pour suivre Kojin, jeune homosexuel qui cherche à s’émanciper dans un contexte d’homophobie à son maximum. A quelques kilomètres des premières bases de Daesh, dans une société qui entend soigner les homosexuels par la religion et érige la pédophilie en passage obligé, le réalisateur parvient à filmer avant tout des relations humaines, des échanges instructifs tout en oubliant jamais une dose salvatrice d’humour. Pour évoquer ce documentaire sensible et doublement incarné par son auteur et son personnage, Komitid a rencontré Diako Yazdani.
Komitid : Quel a été votre parcours de cinéaste avant de vous lancer dans cette aventure ? Qu’est-ce qui vous a mené à ce documentaire ?
Diako Yazdani : Je suis kurde iranien et jusqu’à 18 ans j’y ai vécu dans un village près de la frontière Iran/Irak. Après, je suis parti à Téhéran pour faire des études de comptabilité à l’Université, des études qui ne me plaisaient pas mais qu’il fallait faire à cause de la pauvreté familiale ! En parallèle, de façon officieuse, j’allais étudier les arts. J’ai suivi quelques cours de cinéma et j’ai croisé le cinéaste Abbas Kiarostami avec qui j’ai été en contact pendant trois ans. Il a été la meilleure école sur le regard, le sujet et le développement du sujet. J’ai tourné quatre courts métrages sous son regard. Après, je suis parti, suite aux problèmes politiques, avec un trajet de réfugié classique : plusieurs pays à pied, les bateaux, … et je suis arrivé à Paris.
Toutes les vies de Kojin, cela a été un projet qui a mis 5-6 ans à se développer. Là je suis en développement de plusieurs projets de fiction et de documentaire. Au départ je ne faisais que des courts de fiction, je n’avais jamais imaginé venir au documentaire. Mais c’est cet engagement que j’ai pris, la colère que j’avais quant au silence sur le sujet de l’homosexualité m’a donné envie de faire quelque chose. Je ne savais pas quoi mais il fallait que je tourne pour briser ce silence. Et j’ai découvert le plaisir du cinéma documentaire.
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