Angola : « Luanda Leaks », corruption, sida et LGBTphobies
Régis Samba-Kounzi est un artiste franco-congolais-angolais qui fait partie de la première génération de photographes ouvertement LGBT+ et de militants de la lutte contre le sida du continent africain. Il analyse pour Komitid les relations entre la corruption, mise au jour par les « Luanda Leaks » et le sort des minorités sexuelles et de genre.
« Tout le monde regarde en direction des dollars de Dos Santos, mais le pétrole c'est quoi ? À cause du pétrole, il faut oublier les vies humaines ? ». dixit, mon grand-oncle, Nzita Henriques Tiago, compagnon de route de Patrice Lumumba, qui a mêlé sa vie et son combat contre l’injustice à l'histoire de l’Angola.
Les scandales petits et grands de corruption sont courants en Afrique et ailleurs, et c’est problématique pour la bonne gouvernance et le bien-être des populations, mais celui qui a été révélé le 19 janvier dernier par le consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ) restera un tournant historique pour l’Angola, mais aussi pour le reste de l’Afrique et du monde, après les Panama Papers en 2016. Car il implique le couple le plus riche de ce continent, et une des familles les plus puissantes du monde, entourée d’une élite prédatrice.
Cette énième affaire de corruption, sous le nom de « Luanda Leaks », était connue de tout le monde depuis des années, à ce stade la notion de présomption d’innocence n’a aucun sens. Les preuves sont accablantes, ces révélations auraient pu être transformées par les accusés en conspiration, en jalousie, ou en vengeance politique n’eût été le sérieux de ces journalistes internationaux et la détermination inimaginable du lanceur d’alerte portugais Rui Pinto, qui a justifié son action au nom de l’intérêt des peuples spoliés. Dans cet article, nous analyserons aussi les conséquences de cette corruption, notamment sur les personnes vulnérables, dont les populations LGBT+.
L’hypocrisie à tous les niveaux, au nord comme au sud
La « corruption africaine » n'est africaine qu'en ce qui concerne ses victimes, formule l’activiste et chercheur Rafael Marques de Morais. Le peuple angolais opprimé, a fait historiquement, pendant 500 ans, les frais de la domination coloniale et après l’indépendance, celui des intérêts communs de l'élite angolaise et celle du Portugal, ce scandale vient à nouveau nous le rappeler, il met à jour, la complicité de facilitateurs occidentaux. Une nouvelle forme de néocolonialisme.
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