Sebastian Coe, candidat à la présidence du CIO, veut une « politique claire » sur le genre

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Adopter une « politique claire » sur le genre, protéger le sport féminin, élargir la consultation pour réintégrer la Russie aux JO... telles sont les priorités fixées par Sebastian Coe, candidat à la présidence du Comité olympique international (CIO), dans un entretien accordé à l'AFP.

portrait de Sebastian Coe
Sebastian Coe, président de l'Athlétisme mondial (IAAF) - photo Gints Ivuskans/shutterstock

« Si nous ne le protégeons pas et que nous ne disposons pas d’une ligne politique claire, sans ambiguïté, pour y parvenir, nous courons le risque de perdre le sport féminin. A titre personnel et en tant que président d’un sport olympique, je ne suis tout simplement pas prêt à ce que cela se produise », a assuré l’actuel patron de la Fédération mondiale d’athlétisme (World Athletics).

Double champion olympique du 1.500 m à Moscou-1980 et Los Angeles-1984, M. Coe dit avoir été « mal à l’aise » au moment de la controverse sur le genre dans la boxe féminine, lors des Jeux de Paris. L’Algérienne Imane Khelif (-66 kg) et la Taïwanaise Lin Yu-ting (-57 kg) ont participé au tournoi féminin olympique et décroché l’or dans leur catégorie, alors qu’elles avaient été exclues des Mondiaux 2022 et 2023, après avoir échoué à des tests d’éligibilité dans un sport qui comporte  « des dangers inhérents ».

« Je ne pense pas que l’on puisse prendre à la légère un sport comme la boxe. Il faut des politiques claires comme dans tous les sports », a argué le Britannique de 68 ans. « Les fédérations internationales attendent que ce cadre soit imposé par le mouvement olympique ».

« Très bien équipé »

Sebastian Coe est un des sept candidats qui ambitionnent de succéder à Thomas Bach à la tête de l’instance internationale olympique, dont l’élection se tiendra en mars 2025.

Face à lui se dressent le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), David Lappartient, le Suédois Johan Eliasch, patron de la Fédération internationale de ski, l’Espagnol Juan Antonio Samaranch Junior, vice-président du CIO que son père a longtemps dirigé, le Prince Feisal Al Hussein de Jordanie, le Japonais Morinari Watanabe, président de la Fédération internationale de gymnastique, et enfin la ministre des Sports zimbabwéenne Kirsty Coventry, qui siège à la puissante commission exécutive du CIO.

Après avoir dirigé le comité d’organisation des Jeux de Londres 2012 et pris la tête de World Athletics en 2015, Sebastian Coe estime être « très bien équipé pour endosser le rôle » de patron du CIO.

« J’ai tendance à penser que j’y ai été préparé toute ma vie. En fait, depuis l’âge de 11 ans, lorsque j’ai enfilé pour la première fois une paire de chaussures de course. J’ai une vision. Et surtout, j’ai un plan pour la prochaine génération du mouvement olympique. »

Au coeur de l’instance, en tant que membre depuis 2020, il estime que celle-ci devrait être mieux gérée.

« Nous devons nous demander si nous utilisons au mieux les compétences et les expériences de tous les membres que je côtoie lors des sessions et des congrès. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas, ni que nous ayons les structures adéquates qui nous permettraient de le faire de manière optimale », suggère-t-il.

Ouvert aux nouveaux territoires

En tant que patron de l’athlétisme mondial, Coe a entretenu des relations parfois très tendues avec certains acteurs du CIO, notamment pour avoir banni les athlètes russes et bélarusses des compétitions. D’abord en raison du système de dopage institutionnalisé par Moscou, puis après l’invasion de l’Ukraine en février 2022.

Sous l’égide de Thomas Bach, le CIO a pour sa part autorisé une poignée de sportifs de ces deux pays à participer aux JO de Paris, sous bannière neutre, entre autres conditions.

Pour mieux décider de la réintégration ou non de la Russie aux Jeux, Coe souhaite procéder à une consultation plus large.

« Je veux m’assurer, si je deviens président, que les voix des membres puissent non seulement être entendues, mais aussi prises en compte. Cela impliquerait d’avoir un conseil exécutif à l’écoute et un bureau du président en relation avec toutes les parties prenantes. »

Le Britannique, qui a aussi divisé en décidant de rétribuer les athlètes champions olympiques à Paris, sans consulter le CIO, se dit par ailleurs ouvert à l’idée que les Jeux aient lieu dans de nouveaux territoires.

Après Los Angeles en 2028 et Brisbane en 2032, l’Inde s’est portée candidate pour 2036 et l’Arabie saoudite pourrait en faire autant, alors que le Mondial-2034 de foot lui semble promis auprès de la Fifa, faute d’autre concurrent déclaré.

« Je ne ferme pas les yeux sur le fait qu’un pays, quel que soit son continent, veuille organiser nos événements. J’encourage activement la concurrence entre les villes qui ont l’ambition de le faire et dont les intérêts correspondent aux nôtres, qu’il s’agisse de l’Arabie saoudite, de l’Inde ou de n’importe quel autre pays du monde. »