JO-2024 : polémique sur le genre d'une boxeuse, un « faux-débat » dénoncent des associations

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La polémique sur le genre d'une boxeuse algérienne admise aux JO est un « faux-débat » mené par les milieux conservateurs qui cherchent à maintenir un ordre traditionnel, ont dénoncé des associations.

Imane Khelif sur le ring des JO de Paris 2024
Imane Khelif, d'Équipe Algérie, lors de la septième journée des Jeux Olympiques de Paris 2024 - Shutterstock

La boxeuse italienne Angela Carini a abandonné le 1er août son combat contre son adversaire algérienne Imane Khelif, après seulement 46 secondes, suscitant de vives réactions de personnalités conservatrices comme l’Italienne Giorgia Meloni ou l’Américain Donald Trump en raison du fait que cette dernière avait été disqualifiée l’an dernier des Mondiaux après un test d’établissement de genre.

« Dès qu’une femme réalise une performance impressionnante, elle est accusée d’être un homme », a commenté auprès de l’AFP Loé Petit, responsable du collectif intersexe activiste. « Considérer qu’une femme forte physiquement ne peut pas être une vraie femme, c’est de la misogynie ».

La Première ministre italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni, a notamment dénoncé « un combat qui n’était pas sur un pied d’égalité ». L’ancien président des Etats-Unis, Donald Trump, ainsi que plusieurs responsables républicains ont désigné l’Algérienne comme étant un homme.

Pour Denis Quinqueton, codirecteur de l’Observatoire LGBT+ de la Fondation Jean-Jaurès, il s’agit d’un « faux débat » : ces personnalités « ne sont pas légitimes pour dire quoi que ce soit sur les sportifs, seul le Comité international olympique (CIO) peut se prononcer ».

Or le CIO a fait part de son soutien à Imane Khelif, assurant notamment qu’elle était « née femme, enregistrée comme femme » et « vit sa vie en tant que femme, boxe en tant que femme ».

Les milieux conservateurs cherchent « à tout prix à faire polémique sur les sujets de genre et d’identité de genre » car ils souhaitent que « chacun reste à sa place », estime Denis Quinqueton.

Gurchaten Sandhu, le directeur des programmes d’Ilga World, une organisation internationale en faveur des droits LGBT+, défend un point de vue similaire : ce type de polémique revient à « une tentative de contrôle des gens, de qui ils sont, comment ils se comportent ».

Pour lui, il s’agit surtout d’une « tactique de diversion » des responsables politiques qui détournent ainsi l’attention des « véritables problèmes » auxquels ils devraient faire face et peinent à s’atteler, comme l’inflation, la crise migratoire et le changement climatique.

La controverse survient quelques jours après une première salve de critiques de dirigeants conservateurs et religieux contre la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, visant principalement un tableau mettant en scène des drag queens et des personnalités queers. Le parquet de Paris a ouvert une plusieurs enquêtes pour cyberharcèlement au préjudice du directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, Thomas Jolly, de la DJ Barbara Butch, ou encore de la drag queen Nicky Doll.