Flamme olympique le 14 juillet : la drag-queen Minima Gesté en porte-étendard de la communauté LGBT+
Elle qui considère les drag-queens un peu comme « les phares de la communauté LGBT », portera le 14 juillet à Paris la flamme olympique, « fière » et déterminée.
Sa désignation comme porteuse de la flamme olympique avait été accueillie par des propos homophobes : Minima Gesté, pour qui les drag-queens sont « un petit peu les phares de la communauté LGBT », courra le 14 juillet à Paris, « fière » et déterminée.
Minima Gesté, au civil Arthur Raynaud, vit depuis mai 2022 de la passion « drag ». L’artiste anime blind-tests et bingos dans des bars, entreprises ou autres événements, d’un salon du tatouage à une finale de rugby.
Plusieurs fois par semaine, cet ingénieur de formation, spécialisé en colorimétrie, cheveux courts jaune et rose fluo et tatouages sur tout le corps, passe deux heures à se transformer dans l’appartement parisien qu’il partage avec son compagnon.
« Le but du maquillage drag, c’est d’effacer complètement son visage pour le reconstruire », explique-t-il, assis devant un miroir, entouré de perruques, de produits de maquillage et d’un petit ventilo vintage pour accélérer le séchage.
Avec le fond de teint, « je fais de mon visage une toile blanche », avant de le redessiner avec le contouring, puis de travailler les yeux, avec eye-liner et faux cils, détaille-t-il, en revendiquant son maquillage tapageur.
Avec un corset, des pads (coussins en mousse) et des faux seins, il transforme ensuite son corps : taille serrée et fesses voluptueuses. Pour la soirée, la pétillante drag queen à l’humour ravageur a choisi une perruque châtain, une robe rouge ultra-courte et des escarpins assortis.
« Libérateur »
« Le meilleur compliment qu’on puisse me faire (…) c’est de me dire : “je ne t’aurais jamais reconnu” », souligne l’artiste, qui fête vendredi ses 34 ans.
Sa première expérience drag, Minima Gesté la vit en septembre 2015, au Sucre à Lyon, après s’être préparée pendant deux mois.
« C’était assez phénoménal (…) Ce que j’ai tout de suite remarqué, c’est le regard des gens », qui « n’était plus du tout le même sur moi, parce qu’avant, j’étais juste un “nobody” (personne, NDLR) », raconte-t-elle. Un moment « très libérateur ».
Le déclic était venu quelques temps avant, grâce à l’émission américaine “RuPaul’s Drag Race”, qui a séduit Arthur par son « côté sororité et entraide », et surtout une rencontre dans un bar avec une drag « en pause » qui lui servira de guide dans ce monde.
« Cela faisait deux ans que j’étais arrivé à Paris et je me sentais vachement seul (…) Il me manquait un sentiment de communauté », se rappelle le natif de Toulouse.
« Pour s’amuser entre copines », Minima participe aux soirées House of Moda à La Java à Paris, rendez-vous alors « incontournable » de la scène queer.
La montée en puissance se produit avec l’arrivée en 2019 sur Netflix France des dix saisons de “RuPaul’s Drag Race”, puis en 2022 de “Drag Race France” (son dérivé français) sur FranceTV : fini le travail d’ingénieur pour l’ « art drag » à temps plein. Une exception dans le monde « précaire » des drag-queens, dixit Minima.
« Engagée »
Pour son relais de la flamme olympique prévu dimanche après-midi dans le quartier du Marais, Minima Gesté, moulée dans le jogging blanc officiel, misera sur « une longue perruque rousse », « de super hauts talons » et « plein de bijoux ».
Choisie par la maire de Paris Anne Hidalgo, qui a saisi le parquet après “les propos homophobes et transphobes” visant l’artiste après sa désignation, Minima Gesté a clairement exprimé son soutien au Nouveau Front populaire lors des législatives.
Si l’extrême droite arrivait au pouvoir, « bien évidemment, on ferait partie des personnes dont les droits seraient attaqués en premier », dit-elle, en rappelant la montée actuelle des agressions et du « harcèlement contre les personnes LBGTQIA+ ».
« Minima est engagée et sait fédérer les gens autour d’elle. Quand elle parle, on est obligé de l’écouter », confie une amie, Sonia Laurent, 31 ans.
« Le drag, c’est politique par essence, parce qu’on transgresse des normes », « de genre » et « de sexualité », et « vu qu’on est assez voyantes (…) autant en profiter pour faire passer des messages importants », en étant « un petit peu les porte-parole » de la communauté, souligne Minima Gesté.
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