Des associations LGBT+ s'inquiètent d'un retour des « thérapies de conversion »
L'article 3 d'une proposition de loi « visant à encadrer les pratiques médicales mises en oeuvre dans la prise en charge de mineurs en questionnement de genre » déposée par des sénateurs LR préoccupe particulièrement les militants.
« Si ce n’est pas le retour des thérapies de conversion, ça y ressemble fortement en tout cas » : des associations LGBT+ accusent les sénateurs Les Républicains (LR) de vouloir réintroduire ces pratiques illégales depuis 2022 en France, une intention récusée par la droite.
Dans le collimateur des associations, l’article 3 d’une proposition de loi « visant à encadrer les pratiques médicales mises en oeuvre dans la prise en charge de mineurs en questionnement de genre » et déposée le 19 mars par des sénateurs LR au Sénat.
Cet article prévoit la mise en place d’une stratégie nationale pour la pédopsychiatrie : une stratégie pour que chaque enfant ou adolescent concerné puisse bénéficier dans les meilleurs délais « des moyens lui permettant de retrouver un état de bien-être psychique contribuant à l’épanouissement de son développement, et des soins psychiques nécessaires ».
Cette stratégie, peut-on encore lire, doit « garantir à chaque enfant ou adolescent en souffrance psychique d’être soigné au sein de son lieu de vie ou de son lieu de soins ».
Des mesures et une formulation qui suscitent indignation et inquiétudes au sein de la communauté LGBT+. Une pétition lancée à l’initiative du compte Instagram “Le Coin des LGBT+” comptait quelques jours après sa mise en ligne plus de 37.000 signatures.
« On est quelque part dans les thérapies de conversion », estime auprès de l’AFP Maxime Haes, de l’association Stop Homophobie. « Parler de soins contribue à faire passer la transidentité pour une maladie et une pathologie ».
« Nier l’identité d’une personne pour ce qu’elle est, c’est justement l’intimer à être autre chose. C’est bien l’enjeu des thérapies de conversion », renchérit Véronique Godet, co-présidente et porte-parole de SOS Homophobie. « Comment peut-on nier la conscience d’un être ? On est très très choqués, c’est d’une énorme violence ».
Avec cette proposition de loi, « la transidentité est ramenée dans le champ des maladies mentales », dénonce le collectif Grandir Trans, à l’initiative d’une tribune publiée dans Libération le 15 avril. Ses 400 signataires dénoncent un détournement de « l’interdiction des thérapies de conversion ».
« Accusations infondées »
« Terriblement violentes » et « moyenâgeuses », les thérapies de conversion sont des pratiques qui prétendent « guérir » les personnes lesbiennes, gays, bi et transgenres (LGBT), estiment les associations.
Depuis 2022, ces thérapies constituent en France un délit punissable de deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende. D’autres pays ont également sanctionné ces pratiques.
Le « parallèle entre la proposition de loi et les thérapies de conversion, c’est n’importe quoi », réagit auprès de l’AFP la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio, qui dénonce des « accusations infondées ».
« Il n’y aucun lien. Pour moi, il n’y a aucun sujet », ajoute-t-elle. « Ce que nous voulons, c’est qu’on accompagne les enfants qui se posent des questions. L’idée sur le sujet de la transidentité, c’est : prenons le temps, accompagnons ».
S’exprimant lors des 30 ans de SOS Homophobie le 11 avril, la ministre chargée de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé avait assuré que le gouvernement s’opposerait « avec force » à la proposition de loi –qui sera discutée en séance publique au Sénat le 28 mai.
« Personne ne peut nier la souffrance réelle de jeunes filles et de jeunes garçons qui se sentent piégés dans une identité qui n’est pas la leur », avait-elle déclaré. « Le taux de suicide chez les jeunes trans est sept fois supérieur à celui du reste de la population ».
Ce débat survient quelques semaines après la publication d’un rapport sur la transidentification des mineurs rédigé en interne au groupe LR, qui a nourri la proposition de loi.
Celle-ci reprend la préconisation d’interdire les bloqueurs de puberté, les traitements hormonaux ainsi que les opérations chirurgicales pour les mineurs en « dysphorie de genre » (le sentiment d’une inadéquation entre le genre ressenti et celui de naissance).
Parallèlement, une proposition de loi a été déposée par le groupe écologiste au Sénat afin de faciliter le changement de genre à l’état civil en « déjudiciarisant » la procédure. Un texte qui entend « mettre fin aux discriminations subies par les personnes transgenres ».
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