Mon dernier article sur Komitid

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Ceci est mon dernier article pour Komitid, car je quitte mes fonctions le 31 mars, pour une retraite (bien méritée ?). Le site restera accessible mais ne sera plus mis à jour quotidiennement. Je vous livre dans cet article quelques réflexions…

Le drapeau inclusif LGBTQIA+- Svet foto / Shutterstock
Le drapeau inclusif LGBTQIA+- Svet foto / Shutterstock

Vendredi 29 mars 2024. Ma dernière journée de travail au sein de la société Connection (que je remercie de sa confiance), la société éditrice de Komitid. Je quitte mes fonctions à partir du 31 mars pour entrer officiellement dans une nouvelle étape de ma vie, la retraite (à 65 ans quand même !).  Je ne vais pas pour autant cesser certaines de mes activités (dont la présidence de Vers Paris sans sida) et j’ai toujours des projets éditoriaux à mener à bien.


Tous les articles et contenus de Komitid depuis 2018, les milliers d’archives de Yagg depuis 2008 (ainsi que la chaîne Yaggvideo sur Dailymotion) restent accessibles et consultables mais le site ne sera plus alimenté quotidiennement.

Si je regarde dans le rétroviseur, le monde des médias a énormément changé en 45 ans ! Depuis ce mois de juin 1979, quand  je pousse pour la première fois la porte du CUEJ, alors installé rue Schiller, à Strasbourg, pour m’inscrire à l’école de journalisme.

Lors de mon premier stage, à l’été 1982, à La Liberté de l’Est, à Epinal, certaines pages du journal étaient encore fabriquées au plomb, à l’ancienne, et j’étais très impressionné par le travail, difficile, des ouvriers de l’imprimerie. Et un an plus tard, à FR3 Nancy, quelques uns de mes reportages télé sont encore filmés avec de la pellicule (je pense que j’ai déjà perdu quelques internautes qui ne voient pas du tout de quoi je parle). Encore un autre exemple : au début des années 2000, des correspondant·es de TETU en région, qui ne disposaient ni de fax et encore moins d’internet, m’envoyaient leurs articles et leurs photos… par la poste.

Je ne vais pas m’épancher sur 40 ans et quelques de carrière professionnelle, mais quelques moments marquants émergent, en plus des innombrables rencontres amicales et militantes : l’interview à Prague du dramaturge Vaclav Havel, nouvellement nommé président de la Tchécoslovaquie en décembre 1989, après la révolution de velours qui met fin à plus de 40 ans de dictature sous le joug soviétique ; l’interview en 2006 de Danielle Darrieux pour TETU, les pages cinéma à France 3 Orléans, les grandes grèves dans les transports de l’hiver 1986 que je couvre pour France 2, ma rencontre avec l’immense éditrice Françoise Verny, chez Flammarion, qui avait accepté le manuscrit de mon essai Les Combattants du sida (1993).

Et bien sûr, la folle aventure de Yagg (2008-2016), premier réseau social LGBT, confondé avec Judith Silberfeld, Yannick Barbe et Xavier Héraud, où j’ai aussi dû me confronter aux freins d’une société et d’une économie encore très « macho ». Un média qui a lancé la carrière de pas mal de journalistes aussi, dont Maelle Le Corre, que j’ai retrouvé avec grand plaisir à Komitid en 2018 (ne serait-ce que pour quelques mois…).

Le monde aussi a changé et si je ne devais regarder cette évolution que par le prisme des droits LGBT, elle est majeure… dans la plupart des pays dits développés. Ce qui n’est pas le cas en particulier en Afrique, où de nombreux pays ont hérité de l’homophobie d’Etat instaurée par les puissances coloniales, mais qui aujourd’hui, sous la pression notamment des évangélistes, promulguent des lois durcissant la criminalisation des personnes LGBTQI+.
Nous devons restés mobilisé·es !
Prise de parole de Joël Deumier, co-président de SIS homophobie, au rassemblement de soutien à Amos, agressé récemment à Paris parce que gay

Les prises de parole au rassemblement de soutien à Amos, agressé récemment à Paris parce que gay – Christophe Martet pour Komitid

Car ce qui n’a pas changé, en revanche, c’est la persistance, ici aussi, des agressions verbales et physiques contre les personnes LGBTQI+. On ne reviendra pas sur la période du mariage pour tous, si ce n’est pour constater que l’actuel gouvernement est composé de plusieurs ex-soutiens de l’homophobe Manif pour tous.
Ces derniers mois, des politiques et des médias se sont déchaînés contre les personnes trans.
Et jeudi soir, j’étais aux côtés des militants et des politiques (de gauche) place de la République, à Paris (photo), en soutien au jeune Amos, sauvagement agressé dans un bar du Xe arrondissement, parce que gay.

Même si les avancées légales ont pu donner l’illusion que ce sont des comportements d’un autre temps, ceux-ci restent très ancrés dans nos sociétés patriarcales hétéronomes, aux côtés du sexisme et du racisme. Mais je reste positif car à la différence de certain·es de nos aîné·es qui critiquent la jeunesse (sur l’air du « c’était mieux avant »), je suis très impressionné par les nouvelles générations d’activistes, surtout les femmes ! La vigilance reste de mise, la résistance et le combat pour nos droits aussi, partout et tout le temps.

  • jmm13

    Merci à Christophe Martet pour toutes ces années d’engagement.
    J’espère qu’il se trouvera quelqu’un pour mettre à jour le site de temps en temps.

    Jean-Marcel Michel

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