Un général italien suspendu après la publication d'un brûlot réactionnaire
Roberto Vannacci est visé par deux enquêtes pénales pour un essai comportant des passages insultants contre les minorités sexuelles et ethniques.
Un général italien visé par deux enquêtes pénales pour un essai comportant des passages insultants contre les minorités sexuelles et ethniques a été suspendu par le ministère de la Défense, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.
Roberto Vannacci, 55 ans, avait déjà été évincé l’an dernier de la direction de l’Institut géographique militaire, puis nommé chef d’Etat-major du commandement des forces opérationnelles terrestres, une fonction essentiellement administrative, selon l’armée.
C’est à ce titre qu’il est désormais « suspendu de ses fonctions pour 11 mois avec retrait correspondant de son ancienneté et réduction de traitement de moitié », a indiqué mercredi son conseil Giorgio Carta dans un courriel à l’AFP.
Une annonce embarrassante alors que le général est pressenti pour se présenter aux élections européennes de juin sous la bannière de La Ligue, le parti anti-immigration du vice-Premier ministre Matteo Salvini.
Ce dernier a pris sa défense mercredi sur X : « Une enquête par jour, c’est ridicule, le général fait-il aussi peur que ça ? Vive la liberté de pensée et d’expression ».
Le ministère de la Défense reproche à Vannaci « un manquement au principe de neutralité et de réserve » qui « compromet le prestige et la réputation » des Forces armées, a détaillé l’avocat, indiquant qu’il allait saisir le tribunal administratif pour contester cette sanction au nom « du droit à la libre expression garanti à tous les citoyens, y compris les militaires ».
Les ennuis de Roberto Vannacci sont dus à la sortie en août 2023 de son livre “Le monde à l’envers”, d’abord à compte d’auteur puis chez l’éditeur Il Cerchio, qui publie également Céline et Tolkien.
Dans ce brûlot devenu un best-seller où il se présente comme « un héritier de Jules César », le haut gradé dénonce « des règles discutables d’inclusion et de tolérance imposées par les minorités ».
« Chers homosexuels, vous n’êtes pas normaux, faites-vous une raison », écrit-il. Il s’en prend aussi à la volleyeuse noire Paola Enogu, qui joue dans l’équipe d’Italie : « Paola Enogu est de nationalité italienne, mais il est évident que ses traits somatiques ne représentent pas l’italianité ».
Ces passages lui ont valu la condamnation de la gauche et la réprobation d’une partie de la droite et de l’extrême droite, en particulier dans l’entourage de la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni qui cherche à « normaliser » son mandat et faire oublier les racines néo-fascistes de son parti Fratelli d’Italia.
Roberto Vannacci est visé par trois enquêtes préliminaires distinctes : l’une pour incitation à la haine raciale, une autre pour diffamation au préjudice de Paola Enogu, et une troisième, sans rapport avec son livre, liée à des irrégularités financières lors de sa mission d’attaché militaire à l’ambassade d’Italie à Moscou en 2021-2022.
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