Robert Badinter, une figure clé de la lutte pour la dépénalisation de l'homosexualité

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Robert Badinter a joué un « rôle décisif » pour la dépénalisation de l'homosexualité en France, soulignent militant·es LGBT+ et spécialistes, qui rendent hommage à cette figure clé, disparue à 95 ans.

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Robert Badinter dans L'Étincelle THE SPARK © CAPA

Connu pour son combat contre la peine de mort, Robert Badinter a également joué un « rôle décisif » pour la dépénalisation de l’homosexualité en France, soulignent militant·es LGBT+ et spécialistes, qui rendent hommage à cette figure clé, disparue à 95 ans.

Le 20 décembre 1981, l’Assemblée nationale examine en première lecture un texte visant à abroger une loi remontant au régime de Vichy, qui établit un âge spécifique de consentement pour les relations homosexuelles.

A la tribune, Robert Badinter, alors ministre de la Justice, fustige la « chasse à l’homosexualité » : « cette discrimination et cette répression sont incompatibles avec les principes, ceux d’un grand pays de liberté », avait-il lancé.

Les interventions de Robert Badinter « étaient impressionnantes », souligne auprès de l’AFP Antoine Idier, sociologue et historien. « Il a porté haut et fort ce projet d’abrogation, le défendant bec et ongles avec des discours ciselés ».

Le texte a été adopté définitivement six mois plus tard, mettant un terme à quatre décennies de politique répressive à l’encontre des personnes homosexuelles. On estime aujourd’hui que plus de 10 000 condamnations pour homosexualité ont été prononcées entre 1942 et 1982.

Le socialiste Robert Badinter a été « l’un des rares » hommes politiques à s’intéresser à la répression de l’homosexualité, à une époque où son parti n’y prêtait pas attention, précise Antoine Idier.

Robert Badinter s’intéresse au sujet dès les années 1970. Il rencontre notamment au cours de cette période André Baudry, le fondateur du mouvement homophile, avec qui il en discute. Lorsqu’il publie en 1974 le manifeste Liberté, libertés, il y mentionne déjà la répression des personnes homosexuelles et la nécessité d’y mettre fin.

Robert Badinter «  a été en avance sur son temps, il pensait la société dans son ensemble, à la façon dont les prochaines générations pourraient vivre avec plus de droits », estime auprès de l’AFP Maxime Haes, porte-parole de Stop Homophobie.

« On perd quelqu’un d’important, un vrai grand homme politique au sens noble du terme qui pense la société pour les prochaines générations et pas seulement pour son intérêt personnel ou celui de son parti », ajoute-t-il.

En 1982, la dépénalisation de l’homosexualité en France marque un tournant : elle permet à une nouvelle étape de s’ouvrir, celle de la conquête de l’égalité des droits, qui a mené plus tard au pacs, au mariage pour tou·tes, puis à la PMA pour les couples de femmes.

Robert Badinter a « joué un rôle décisif pour la “dépénalisation de l’homosexualité” dans notre pays », a souligné sur X (ex-Twitter) SOS Homophobie. « Il a toujours eu un engagement constant, indéfectible pour la justice et l’égalité, il devrait être un exemple pour beaucoup de personnes de la classe politique », a ajouté auprès de l’AFP Joël Deumier, co-président de l’association.

De même, Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la maire de Paris chargé de la lutte contre les discriminations, a salué sur X « un grand homme » qui a « défendu et propagé toute sa vie des valeurs humanistes, comme en 1982 en soutenant la dépénalisation de l’homosexualité ».

« Infini respect »

En 1999, lors des débats parlementaires sur le Pacte civil de solidarité (Pacs), Robert Badinter, alors sénateur, œuvre notamment pour introduire dans le texte la notion de “couple de même sexe”.

Pour l’Association des familles homoparentales, l’avocat Robert Badinter « fait partie de celles et ceux qui, quand ils partent, ne nous quittent jamais. Infini respect ! ».

Le décès de Robert Badinter intervient au moment où les parlementaires se penchent sur une proposition de loi visant à reconnaître la responsabilité de la France dans la persécution des personnes homosexuelles entre 1945 et 1982. Déjà votée par les sénateurs, elle sera examinée par les députés la première semaine de mars.

Bien que les droits des personnes LGBT aient progressé en France au cours des dernières décennies, en 2021, Robert Badinter avait rappelé auprès du magazine Têtu que ce n’était pas le cas partout et qu’il était encore nécessaire de se mobiliser sur ce sujet. « Il devrait y avoir un mouvement international qui rappelle que la persécution des homosexuels dans le monde est insupportable », avait-il alors déclaré.

 

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