Gabriel Attal : un Premier ministre gay, « symbole fort » pour des associations LGBT
« La nomination de Gabriel Attal va dans le bon sens, elle illustre le fait qu'en 2024 en France il est possible d'être Premier ministre homosexuel », réagit auprès de l'AFP Joël Deumier.
« Un symbole fort » : des associations LGBT ont salué mardi la nomination à Matignon de Gabriel Attal, premier chef de gouvernement français ayant publiquement évoqué son homosexualité, tout en appelant à une politique « exemplaire » en matière d’égalité des droits.
« La nomination de Gabriel Attal va dans le bon sens, elle illustre le fait qu’en 2024 en France il est possible d’être Premier ministre homosexuel », réagit auprès de l’AFP Joël Deumier, coprésident de Sos Homophobie.
« L’évolution des mentalités a rendu cette nomination possible », ajoute-t-il, évoquant un « symbole fort ».
Cette nomination « donne de la visibilité », abonde Catherine Michaud, présidente de l’association GayLib et membre du Mouvement radical. « Cela peut agir pour des adolescents comme un signal positif, leur permettre de se dire qu’on peut être homosexuel et Premier ministre, que ce n’est pas rédhibitoire. »
Agé de 34 ans, M. Attal a vu son homosexualité être révélée en 2018 dans le livre Crépuscule de l’avocat Juan Branco, ancien camarade de classe à l’Ecole alsacienne à Paris.
Il a depuis évoqué son orientation sexuelle dans plusieurs interviews, notamment dans l’émission « Sept à Huit » sur TF1 en novembre. Il y regrettait notamment cet « outing » qui ne lui a pas permis d’annoncer son homosexualité « au moment où (il) le voulait et de la manière dont (il) voulait ».
« Assumer » sans « revendiquer »
L’homosexualité, « j’ai toujours considéré qu’on pouvait l’assumer sans la revendiquer. Je me demande si la porter comme une bannière ne contribuerait pas à en faire un truc anormal », avait-il dit en 2019 à Closer.
Si le symbole de sa nomination est important, il « ne fera pas tout », souligne Joël Deumier, « surtout s’il n’est pas accompagné d’une politique forte en faveur de l’égalité ».
« Le gouvernement qui sera dirigé par Gabriel Attal doit être exemplaire sur les sujets LGBT et notamment sur celui des violences et agressions homophobes », souligne le coprésident du SOS Homophobie.
« Il faut que le gouvernement prenne à bras le corps ces sujets », ajoute-t-il, que ce soit « la PMA pour les personnes trans, la fin de la mutilation des personnes intersexes et une GPA (gestation pour autrui) éthique ».
A GayLib, Catherine Michaud est circonspecte. « S’attendre à ce que les questions LGBT progressent sous son gouvernement, ce serait lui prêter une intention communautariste », estime-t-elle. « Il a été nommé parce qu’Emmanuel Macron estime qu’il fera un bon Premier ministre et non pas parce qu’il est homosexuel ».
La marge de manœuvre du Premier ministre sur ces questions s’annonce mince, notamment concernant la GPA. En avril 2019, M. Attal avait laissé entendre qu’il ne serait pas contre une GPA « éthique », pour avoir un enfant, si c’était légal en France. Mais M. Macron s’est toujours opposé à cette mesure.
« Placard ouvert »
Avec cette nomination, la France rejoint plusieurs autres pays européens dirigés ces dernières années par des hommes et femmes LGBT, à l’image d’Elio di Rupo en Belgique, de Leo Varadkar en Irlande ou encore de Xavier Bettel au Luxembourg.
En 2009, Jóhanna Sigurðardóttir était devenue en Islande la première cheffe de gouvernement ouvertement homosexuelle en Occident. Ana Brnabic occupe quant à elle le poste de Première ministre en Serbie depuis juin 2017.
Au sein de la classe politique française, les choses ont également évolué depuis le coming out de l’ancien maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë à la télévision en 1998.
Ces dernières années, plusieurs ministres ou députés ont fait état de leur homosexualité, à l’image de Clément Beaune, Franck Riester, Olivier Dussopt ou encore Sarah El Haïry.
« Ce qui a évolué depuis Bertrand Delanoë, c’est la symbolique. La nomination de Gabriel Attal montre que la porte du placard est plus ouverte que jamais », estime Sonia Tir, autrice du livre Sortir du placard LGBT en politique à paraître le 17 janvier (Fayard).
« Mais pour les politiques, il faut accepter de ne pas en faire un marqueur politique », ajoute la conseillère politique. « Ça ne passerait pas au niveau d’une partie de l’opinion publique et des sensibilités dans certains partis ».
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