La bisexualité pourrait avoir en partie des origines génétiques, suggère une étude
Des chercheurs ont identifié pour la première fois des variations génétiques spécifiquement liées à la bisexualité, tout en rappelant que les facteurs non génétiques prévalaient toujours dans la détermination de l'orientation sexuelle.
Des chercheurs ont identifié pour la première fois des variations génétiques spécifiquement liées à la bisexualité, tout en rappelant que les facteurs non génétiques prévalaient toujours dans la détermination de l’orientation sexuelle.
Cette étude, publiée mercredi 3 janvier dans la revue Science Advances, cherche à apporter un nouvel élément de réponse à la question biologique visant à comprendre pourquoi la sélection naturelle n’a pas progressivement écarté les éléments génétiques favorisant l’homosexualité, qui mène à une moindre descendance.
Les chercheurs ont trouvé que les éléments génétiques liés à la bisexualité, plus spécifiquement, sont aussi liées à une attitude plus favorable à la prise de risque et à une tendance à avoir davantage d’enfants.
L’étude fait notamment suite à celle majeure de 2019 concluant que l’homosexualité, si elle n’est pas définie par un seul gène, s’explique à la fois par de multiples régions du génome et, comme tout caractère humain complexe, par d’insaisissables facteurs non génétiques.
« Nous avons réalisé qu’auparavant, les gens rassemblaient sous une même catégorie tous les comportements homosexuels, alors qu’il s’agit d’un large éventail », a dit à l’AFP Jianzhi Zhang, co-auteur principal de l’étude, pour expliquer le but de ces recherches.
Elles se sont basées sur la banque de données britannique UK Biobank, qui inclut plus de 450 000 personnes d’origine européenne.
En croisant leurs données génétiques à leurs réponses à des questionnaires, les auteurs ont conclu que les signatures génétiques liées à l’homosexualité et à la bisexualité étaient en réalité distinctes.
« Persistance historique »
Les marqueurs génétiques liés à la bisexualité, ont-ils déterminé, sont également liés chez les porteurs hommes à un goût prononcé pour le risque, ce qui semble favoriser des rapports sexuels non protégés, car ce même marqueur génétique est aussi lié à un plus grand nombre d’enfants.
Les résultats de l’étude « suggèrent » ainsi que ces marqueurs génétiques (des allèles) « représentent probablement un avantage pour la reproduction, ce qui pourrait expliquer leur persistance historique et leur maintenance future » au sein de la sélection naturelle, ont écrit les auteurs.
Cela s’explique par le fait qu’un même gène peut porter plusieurs caractéristiques différentes. « Ici, nous parlons de trois traits : nombre d’enfants, prise de risque, et comportement bisexuel : ils partagent tous de (mêmes) éléments génétiques », explique Jianzhi Zhang.
A l’inverse, les marqueurs génétiques liés à l’homosexualité chez les hommes disant ne pas avoir eu de relation homosexuelle sont corrélés à un nombre d’enfants plus faible, suggérant ainsi une possible disparition progressive de ces caractéristiques.
Les données de UK Biobank montrent cependant la croissance, depuis des décennies, du nombre de personnes se déclarant bies ou gays ou lesbiennes, sans doute en raison d’une plus grande ouverture des sociétés modernes à ces questions.
Les auteurs estiment ainsi que la bisexualité d’un individu est déterminée à 40 % par des facteurs génétiques et à 60 % par l’environnement.
« Nous voulons insister sur le fait que nos résultats participent surtout à mieux comprendre la diversité et la richesse de la sexualité humaine », ont écrit les auteurs. « Ils ne sont, d’aucune manière, fait pour suggérer ou soutenir quelque discrimination basée sur la sexualité ».
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