Hongrie : le directeur du Musée national licencié pour non application d'une loi anti-LGBT+

Publié le

Le directeur du Musée national de Hongrie aurait « manqué » à son devoir d'appliquer la loi interdisant l'accès des mineur·es à une exposition proposant des contenus évoquant l'homosexualité.

La façade du Musée national de Hongrie, à Budapest
La façade du Musée national de Hongrie, à Budapest - Arsenie Krasnevsky / Shutterstock

Le gouvernement hongrois a licencié lundi le directeur du Musée national de Hongrie, qui a « manqué » à son devoir d’appliquer la loi interdisant l’accès des mineurs à une exposition proposant des contenus évoquant l’homosexualité.

Le directeur Laszlo Simon « n’a pas respecté les obligations légales lui incombant » et a « eu un comportement rendant impossible la poursuite de sa mission », a indiqué le ministère de la Culture dans un communiqué, précisant que la mesure prenait effet immédiatement.

Le Musée national de Hongrie présentait jusqu’à dimanche les clichés primés en 2023 par le World Press Photo, qui récompense chaque année « le meilleur journalisme visuel » dans le monde.

Mais le parti d’extrême droite Notre patrie avait dénoncé cette exposition, parce qu’elle montrait sans restrictions des photos sur une communauté LGBT+ des Philippines.

Il estimait qu’elle violait une loi de 2021 interdisant toute évocation de l’homosexualité auprès des mineurs en public. En Hongrie, pays membre de l’Union européenne (UE) gouverné depuis 2010 par le nationaliste Viktor Orban, il est interdit d’évoquer hors du cercle privé ce sujet auprès des moins de dix-huit ans, sous peine de sanctions financières.

Le ministère hongrois de la Culture avait donc ordonné au Musée national d’empêcher l’accès des enfants aux salles d’exposition. Mais le musée avait déclaré mercredi 1er novembre à l’AFP ne pas pouvoir contrôler les pièces d’identité et s’en remettre à la « coopération » des visiteurs.

Le directeur du Musée national est un ancien député du parti Fidesz de Viktor Orban et à ce titre, il avait voté cette loi combattue par les ONG, que l’UE entend annuler par le biais d’une procédure d’infraction toujours en cours.

Sur Facebook, il a déclaré « ne pas pouvoir accepter » son licenciement, affirmant ne pas avoir délibérément « violé la loi ».

La semaine dernière, il avait remercié ironiquement sur Facebook l’extrême droite d’avoir suscité l’intérêt du public pour son exposition. En retour, cette dernière s’était indignée qu’il « se moque de son propre gouvernement, ce qui est inhabituel, car Viktor Orban ne tolère pas ce genre de choses ».

En Hongrie, des compagnons de route de Viktor Orban ont été régulièrement évincés depuis 2010 après avoir contesté son action.