Le budget de l'Organisation internationale du travail adopté malgré la querelle sur les droits LGBTQ+
Le budget de l'OIT, dont l'adoption était bloquée en raison de divergences quant aux droits LGBTQ+, a finalement été voté le 13 juin au soir à Genève grâce à un compromis de dernière minute.
Le budget de l’Organisation internationale du travail (OIT), dont l’adoption était bloquée en raison de divergences quant aux droits LGBTQ+, a finalement été voté le 13 juin au soir à Genève grâce à un compromis de dernière minute.
Les pays membres du comité des finances de la Conférence internationale du travail, l’organe décisionnel de l’OIT (une agence de l’ONU), ont adopté le budget et le programme de travail pour 2024-2025 par 477 voix contre 11 et sept abstentions.
Vendredi, des différences de vue sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre avaient, pour la première fois de l’histoire, empêché l’adoption de ce budget de 885 millions de dollars pour deux ans.
La controverse, en plein mois des fiertés LGBTQ+, concernait le vocabulaire de la section consacrée à l’égalité des sexes, la non-discrimination et l’inclusion, avait expliqué la porte-parole de l’OIT, Rosalind Yarde.
La formule faisait référence à « d’autres groupes de population touchés par la discrimination et l’exclusion, notamment pour des motifs de race, d’orientation sexuelle et d’identité de genre », selon Mme Yarde. Plusieurs pays africains et l’Organisation de la coopération islamique (OIC) refusaient d’inclure cette phrase dans le document de programme et le budget, en particulier en ce qui concernait le travail du bureau dans leurs pays.
Leur amendement visant à supprimer toute mention aux « autres groupes de population » avait été massivement rejeté par plusieurs pays des Amériques, d’Europe et d’une partie de la région Asie-Pacifique.
Après plusieurs jours de négociations tendues – des observateurs ont fait état d’altercations hurlantes entre délégations tard dans la nuit – un compromis a finalement été trouvé tard lundi soir.
Malgré l’opposition acharnée de plusieurs pays, en particulier ceux de l’OIC, le texte final fait toujours référence aux discriminations pour des motifs « d’orientation sexuelle et d’identité de genre ». Mais un additif « reconnaît les positions différentes exprimées sur cette question », a indiqué Mme Yarde aux journalistes.
Cet accord a permis l’adoption mardi du budget par la plénière de la Conférence internationale du travail, où les pays sont représentés à la fois par les gouvernements, les organisations patronales et les syndicats, selon un système tripartite unique.
Avant le vote, les représentants de plusieurs pays occidentaux ont souligné l’importance de résister aux pressions visant à brider le langage relatif à l’identité de genre et l’orientation sexuelle.
« L’égalité de chaque homme, de chaque femme, de chaque personne n’est pas un sujet de négociation », a déclaré le ministre canadien du Travail, Seamus O’Regan, lui-même gay, lors de la conférence.
« Une fois que les droits sont acquis, nous ne resterons pas les bras croisés, nous ne les remettrons pas au placard et nous ne les supprimerons pas », a-t-il insisté.
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