Une projection de « Tomboy » de Céline Sciamma annulée dans un collège catholique

Censé être projeté le jeudi 4 mai à une classe de sixième dans le cadre d’un atelier cinéma au collège épiscopal de Walbourg dans le Bas-Rhin, le film Tomboy de Céline Sciamma fait l’objet de la colère des parents, opposés à ce que leurs enfants voient ce film.

L’Enseignement catholique d’Alsace (DDEC) a pris la décision d’annuler sa diffusion dans le collègue : « Ce public était sans doute trop jeune pour être confronté à telle œuvre, nous avons préféré éviter les réactions disproportionnées », déclare la direction. Relayée par le site Riposte-catholique.fr, qui se dit dédié à la «  réinformation catholique au quotidien », la nouvelle de la projection du film aurait agacée les parents qui auraient appelé en masse le collège pour s’en plaindre.

Dans son article, Riposte-catholique.fr parle d’un établissement qui « entre sans vergogne dans l’idéologie gender » et « expose les élèves » au « changement de sexe d’une jeune fille de 10 ans ».

Tomboy raconte l’histoire de Laure, une jeune fille venant de déménager dans une nouvelle ville avec sa famille en plein été. Pour s’intégrer au mieux avec ceux qui deviendront bientôt ses camarades de classe, elle se fait passer pour un garçon. Loin d’être un tract politique ou un film frontalement revendicatif et militant, ni de raconter un prétendu changement de genre, Céline Sciamma aborde cette histoire avec une extrême douceur, en se mettant à hauteur d’enfants. « Cet établissement met gravement en danger le développement psychologique et spirituel des élèves qui lui sont confiés », déclare le site.

Rebelote

Sorti en 2011, où il avait réuni un peu moins de 300 000 spectateurs, le deuxième film de Céline Sciamma a été accueilli avec enthousiasme à la fois par la presse et le public. Rediffusé sur Arte en février 2014, le film avait été à l’époque l’un des plus gros succès de la chaîne en première partie de soirée avec 1,25 million de téléspectateurs.

Une diffusion qui posait déjà problème à l’époque, puisque le mouvement intégriste Civitas qualifiait le film de « dérive dangereuse », l’accusait de promouvoir la « théorie du genre » et appelait au boycott du programme. Civitas protestait alors déjà contre la diffusion du film dans les établissements scolaires. Tomboy avait alors reçu sur les réseaux sociaux les soutiens notamment de Laurence Rossignol et Olivier Faure.