Spécial Mariage pour tous·tes : quand Noël Mamère célébrait le premier mariage d'un couple gay en 2004
En 2004, Noël Mamère, maire de Bègles célébrait le premier mariage d'un couple gay en France. Retour sur un moment historique de la lutte LGBTQI+ avec cette archive de Yagg de 2014.
Alors que le loi du mariage pour tous·tes s’apprête à souffler ses dix bougies cette année, le premier mariage en France entre deux personnes de même sexe remonte à bien plus tôt.
Neuf années avant que Christiane Taubira et le gouvernement de François Hollande portent le débat à l’Assemblée, c’est à Bègles en Nouvelle-Aquitaine, en 2004, qu’est officiellement célébré le tout premier mariage d’un couple gay de France. Un mariage symbolique, porté par le maire écolo de la commune Noël Mamère et qui unissait Stéphane Chapin, 36 ans, et Bertrand Charpentier, 33 ans.
Une nouvelle qui avait remué le pays, déchaînant les opposants homophobes d’un côté, et devenant un symbole d’espoir pour toute la communauté LGBTQ+ de l’autre.
Une journée contrariée par l’extrême-droite, se souvient Noël Mamère, qui révèle à Yagg il y a 9 ans avoir dormi dans la mairie la veille pour être sûr de pouvoir y accéder le lendemain : « Samedi matin des gens d’extrême-droite sont là et essaient d’empêcher les mariés d’entrer, mais on avait trouvé un subterfuge pour les faire entrer par une porte dérobée ».
Une journée historique
Quelques heures après que les jeunes mariés se sont dit « oui », les menaces de sanctions contre Noël Mamère se mettent à pleuvoir. Furieux, Dominique de Villepin, alors Ministre de l’Intérieur, demande une conférence de presse et amorce une « procédure de sanction » contre le député-maire.
Pour avoir célébré ce mariage entre deux hommes, Noël Mamère sera suspendu de ses fonctions pendant un mois. La loi française étant ce qu’elle est, le mariage n’est à l’époque défini dans le droit que comme « l’union entre un homme et une femme », rendant l’union de Stéphane et Bertrand totalement illégale. Le mariage des deux hommes est officiellement annulé par le Tribunal de grande instance de Bordeaux en juillet 2004, par la Cour d’appel en 2005, puis par la Cour de Cassation en 2007.
Toujours au micro de Yagg des années plus tard, Noël Mamère maintient ses positions : « Le 5 juin 2004 restera dans l’Histoire ». Il se remémore cette union comme « une libération après quatre mois d’une très grande tension » et fustige ces maires qui faisaient valoir leur « liberté de conscience » contre le mariage pour tous : « La différence entre ces maires qui refusent de marier deux hommes et deux femmes et moi, c’est que moi j’ai fait ça pour faire avancer les droits, et eux c’est pour les bloquer ».
« C’est le souvenir d’une grande joie. C’était l’aboutissement d’un combat difficile contre le gouvernement, contre la justice, contre la quasi-totalité de la classe politique, contre les journalistes », confiait-il en 2013 à l’AFP après l’adoption de la loi.
Si son initiative était évidemment vouée à l’échec, elle n’en reste pas moins, toujours aujourd’hui, une formidable action militante, un évènement clé de notre lutte pour l’égalité des droits. Ci-dessous, retrouvez un film d’archives en Super 8 proposé par Yagg en 2014, et immortalisant cette journée si spéciale du 5 juin 2004 !
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