10 ans du mariage pour tou·tes : que sont devenues les figures politiques qui ont porté la loi ?
Ces trois personnalités politiques de gauche ont porté le projet de loi durant les longs débats au Parlement en 2013. Dix ans après l'adoption du mariage pour tou·tes, comment ont évolué les carrières de Christiane Taubira, Dominique Bertinotti et Erwann Binet ?
Christiane Taubira
La loi portait son nom et son visage est, très certainement encore aujourd’hui, le plus emblématique de ces mois de combats législatifs et militants. Christiane Taubira, alors Garde des Sceaux du gouvernement de François Hollande, n’a cessé d’être une des figures majeures de la gauche. Après l’adoption de la loi sur le mariage pour tou·tes en 2013 puis, notamment, la mise en place de la justice restaurative en 2014, Christiane Taubira démissionne en 2016. Les désaccords entre elle et le gouvernement sur la question de la déchéance de nationalité l’ont incité à abandonner son portefeuille à la Justice : « Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit », écrit-elle à l’époque sur son compte Twitter. Après son départ, elle continue de porter aux nues l’idéal d’une gauche unie et rassembleuse.
À l’approche des élections présidentielles de 2022, naît sur les réseaux sociaux un engouement certain parmi les partisans de gauche pour un retour de Christiane Taubira. Fin 2021, elle annonce sa candidature à la « primaire populaire », élection censée élire un seul et unique représentant de la gauche pour les présidentielles. Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Yannick Jadot annoncent dans la foulée refuser de se ranger derrière le ou la futur·e vainqueur. Sans grande surprise, elle remporte l’élection, étant l’une des seules à avoir fait campagne. Ne voulait pas être « une candidate de plus » et échouant à recueillir les 500 parrainages nécessaires, Christiane Taubira annonce le 2 mars 2022 le retrait de sa candidature et appelle à voter Jean-Luc Mélenchon.
En janvier 2023, elle sort son nouveau livre, Frivolités, une pièce de théâtre où treize femmes venant des cinq continents prennent la parole.
Dominique Bertinotti
De 2012 à 2014, elle est la ministre déléguée à la Famille dans le gouvernement de François Hollande. Pendant ce temps, Dominique Bertinotti soutient activement le projet de loi du mariage pour tou·tes et n’hésite pas à verbaliser publiquement son désir d’ouvrir l’adoption aux couples de même sexe. Quelques mois après, en novembre 2013, elle annonce souffrir d’un cancer du sein. Sa loi Famille sera enterrée dès le début de 2014. Mais elle ne se laisse pas abattre et continue sa carrière politique, avec plus ou moins de succès. Los de sa victoire aux primaires de la gauche en 2017, Benoit Hamon la nomme responsable de la Famille pour sa campagne présidentielle. Sa loyauté pour ce dernier la conduit à quitter le PS en même temps que lui pour le rejoindre dans son nouveau parti, Génération·s.
Aujourd’hui, Dominique Bertinotti ne semble plus appartenir à aucun parti mais est restée une femme politique de gauche affirmée et une opposante féroce. Sur son compte Twitter, elle exprime son mécontentement quand à la réforme des retraites et continue de réagir de manière éclairée à une actualité qui laisse parfois à désirer (le SNU, l’Affaire Pierre Palmade dans les médias, la justice sociale…).
Erwann Binet
Elu député de l’Isère en juin 2012, devenu rapporteur du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe l’année suivante, Erwann Binet se fait depuis lors assez discret. En 2013, à à peine 40 ans, il quitte sa circonscription pour siéger tous les jours de la semaine à l’Assemblée et faire valoir les droits des couples de même sexe. « Le fait de refuser à des homosexuels des droits dont les hétérosexuels disposent m’est apparu comme une agression. Il y eut le temps du châtiment, il y eut le temps de la tolérance, il est venu, enfin, le temps de l’égalité », déclarait-il.
Victime de menaces et d’injures pendant des mois lors des débats, Erwann Binet ne vacille pas et, par la force de ses convictions, mène les échanges à l’Hémicycle avec une poignée de fer. « On ne s’attendait pas à avoir une opposition aussi importante », confiait-il à l’AFP.
Depuis, Erwann Binet n’a pas changé de cap. En 2018, il célèbrait les cinq ans de la promulgation de la loi : « Ce sont aujourd’hui les noces de bois du Mariage Pour Tous, un bois dont on fait les charpentes des plus beaux et des plus solides monuments de la République ». En 2016, il racontait dans le livre de Charlotte Rotman, La bataille du mariage pour tous, ces longs mois de débats historiques. Politiquement parlant, Erwann Binet n’a pas gravi les échelons autant qu’on aurait pu le penser. En 2017 il perd les élections législatives, puis, en 2019, les élections municipales à Vienne. En 2021, confronté à la droite pour sa réélection aux départementales, il perd une nouvelle fois. Aujourd’hui, Erwann Binet est responsable de la mission Démocratie Ouverte à Lyon.
Tout récemment, le 9 mars dernier, Binet a annoncé rejoindre le nouveau mouvement politique de Bernard Cazeneuve, La Convention, pour « une gauche apaisée » loin du « bruit et de l’outrance ».
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