LGBTphobies dans l'industrie musicale : après Mika, d'autres artistes francophones témoignent
Plusieurs artistes queer prennent la parole sur les réseaux sociaux après que Mika a abordé le sujet de l'homophobie dans l'industrie musicale.
Si la scène musicale francophone se diversifie d’année en année, mettant de plus en plus d’artistes LGBT dans la lumière, l’industrie musicale et le monde médiatique semblent encore à la traine. Angèle outée par Hanouna et Hoshi moquée par Fabien Lecoeuvre sont les dernières affaires en date, signes d’une homophobie latente et banalisée.
Il y a une semaine, sur le média anglais INews, le chanteur pop iconique Mika revenait sur son expérience de l’homophobie dans l’industrie musicale : « On me disait que mes chansons étaient trop gays pour la radio. Aujourd’hui ces commentaires ne passeraient pas, mais l’industrie n’était pas safe il y a encore pas si longtemps. Les journalistes me mettaient la pression. C’était pas sain. La partie interview ressemblait à une sorte d’exploitation dans le mauvais sens, et c’est très vite devenu ce genre de recherche d’une étiquette définie, ou de recherche d’un scoop dans le sens le plus cynique », déclare t-il.
Sur l’industrie en elle-même, Mika n’est pas plus tendre : « L’industrie n’était pas l’un des endroits les plus aimables ou les plus propices pour vous mettre à l’aise avec votre propre identité ou votre sexualité à l’époque ».
Un témoignage qui rassemble
Suite à ses déclarations, de nombreux artistes queers se sont reconnus dans le témoignage de Mika et prennent la parole pour dénoncer un milieu parfois violent.
Sébastien Delage, qui fêtait récemment le premier mois de sortie de son génial premier album, en fait un combat personnel et relaye depuis plusieurs jours les nombreux témoignages d’artistes. Confronté au début de sa carrière à un directeur artistique de Polydor qui lui demande alors de taire son homosexualité pour ne pas perdre de public, le chanteur comprend rapidement qu’il ne veux plus avoir affaire à ce genre de remarques : « C’était, à mon sens, une abomination et du nivellement par le bas absolu, et je passe les horreurs misogynes qu’il a pu dire à ma chanteuse également. Donc quand tout ça s’est arrêté, je n’avais pas envie de chercher un label pour me retrouver face à ce genre de divergences humaines et artistiques », confiait-il à Komitid en janvier dernier.
Par conséquent, il crée en 2021 son propre label, Drama Queen Music, qui vise à produire d’autres artistes queers dans un milieu sain et protecteur.
Mélissa Laveaux, chanteuse franco-canadienne, laisse entendre sur Instagram que beaucoup d’artistes cachent encore leur orientation sexuelle pour éviter les polémiques et autres désagréments homophobes : « L’industrie est encore plus queer et encore moins safe que vous ne le pensez ».
Expérience de l’homophobie
Oete, chanteur multi-facettes, s’est lui aussi exprimé sur Instagram sur son expérience de l’homophobie dans le monde de la musique après l’interview de Mika : « Ces derniers mois ont été assez difficiles pour moi pour ne rien vous cacher. J’ai reçu des propos de la profession de type « ça ne passera pas à la radio, il faut de la musique pour cis/hétéro/blanc » ».
Dans son témoignage, le chanteur aborde aussi la façon dont on le mettait constamment en concurrence avec d’autres artistes gays, « comme si des propositions artistiques opposées devenaient identiques par le simple fait de ne pas être hétéro ».
À l’instar de Sébastien Delage, il dévoile qu’on lui a aussi déconseillé de parler de son homosexualité parce que « ce n’est pas marketing » : « Mais j’ai plus que jamais envie d’être de ceux qui font bouger les lignes à travers la pop culture. Ce milieu n’est pas assez safe ou encore trop peu pour qu’on puisse souligner les bienveillants. J’ai la chance de connaître une armée prête à hisser le drapeau blanc » écrit-il dans sa story Instagram.
Janis, qui a fait son coming-out trans en 2009, a elle aussi eu son mot à dire sur le traitement que la profession lui a réservé à l’époque. Dans une story Instagram, elle écrit : « J’étais seule dans ce bordel et je ne sais pas comment j’ai tenu psychologiquement. Je me rends compte aujourd’hui qu’il n’y a pas plus de personnes pour nous accompagner dans nos carrières. Surtout en tant que femme trans, on parle à des gens qui ne comprennent pas nos parcours ».
Dès 2015, Janis créait son label, Mauvais Genre, afin de promouvoir la musique queer et ceux qui la font.
Mika ne pensait sûrement pas générer tous ces récits de vie en racontant le sien, mais espérons que cet engouement puisse mener à des changements.
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