Pomme, Orville Peck, Mélissa Laveaux, Kiddy Smile, Lou Paradise ... : ces 16 chanteurs et chanteuses LGBTQ ont marqué l'année 2022
Découvrez les 16 artistes queer qui, par leur art, leur charisme et leur engagement, ont marqué le monde de la musique en 2022.
En cette fin d’année, l’heure est au bilan. Pour ce faire, nous vous avons sélectionné les 16 artistes LGBTQ qui ont marqué le monde de la musique en 2022, des plus affirmé·es aux artistes émergent·es, en passant par ceux et celles qui méritent plus que quiconque une mise en lumière.
Parce que leurs voix et leurs œuvres parlent à, de et pour nous, parce qu’ils et elles nous font danser, pleurer et frissonner, et que l’industrie musicale ne les traite souvent pas comme ils et elles le méritent réellement, il est plus que jamais nécessaire de faire entendre ces artistes.
Marius
Candidat malheureux pour représenter la France à l’Eurovision cette année, Marius semble pourtant avoir tout gagné, et siège, avec d’autres, à la table des plus belles révélations musicales de 2022. Avec son premier EP, Accroche-Cœur, Marius réalise une œuvre introspective étonnante à laquelle il fait le choix de s’abandonner complètement. De ses déceptions amoureuses (dans Les Chansons d’amour) à son rapport compliqué à son corps (dans Contrôle), Marius se livre à cœur ouvert dans six titres magnifiquement écrits, et nous laisse à voir un garçon cassé mais combattant, sensible et déterminé.
Steve Lacy
Le musicien américain Steve Lacy a définitivement le vent en poupe. Après un premier album remarqué en 2019 qui lui a permis par la suite de collaborer avec Solange Knowles, Kendrick Lamar, Frank Ocean, Tyler the Creator ou encore Chloe x Halle, le chanteur revient cette année avec Gemini Rights, où des textes sensuels et torrides se conjuguent aux synthés et à l’esprit rebelle de son auteur. Steve Lacy, malin, s’amuse et explose les codes avec une sobriété visuelle rafraichissante et une facilité déconcertante.
Sébastien Delage
Avec seulement deux singles dévoilés en fin d’année, Sébastien Delage s’affirme d’ores et déjà comme un artiste à surveiller de près. Avec L’Ossau et Qu’est-ce que tu crois, le chanteur parisien chante son enfance dans les Pyrénées, le divorce de ses parents, les désillusions que la vie a mise sur son chemin, et, par dessus tout, sa relation spéciale avec sa grand-mère, qui l’a élevé. Décomplexé, il signe donc deux belles balades plus soft et intimes que son premier EP, qui préfigurent un futur album sombre et stimulant, à sortir en janvier prochain.
Oete
Il est la nouvelle étoile qui fait briller le ciel de la variété française, et son premier album Armes & Paillettes est une véritable merveille : il faut absolument surveiller Oete, ce jeune talent aux allures de chevalier noir à l’armure illuminée. À bien des égards, Oete se rapproche musicalement d’une Juliette Armanet ou d’une Izia Higelin (un peu de pop, de rock et de disco), mais essayer de le comparer à autrui s’avère rapidement vide de sens tant son originalité, musicale et visuelle, est écrasante. Neuf chansons incandescentes et exigeantes, jamais faciles, qui emportent tout sur leur passage. De la très frenchy Liberté Chérie à la dramatique Armes & Paillettes, ou encore l’urgente La Tête pleine, dure de choisir notre préférée.
Pomme
Après le chagrin de Les Failles, son album précédent, l’heure est à la Consolation pour Pomme, figure de proue d’une nouvelle génération d’artistes français. Ainsi, plus que jamais, Pomme a brillé cette année par une indépendance artistique à toute épreuve. Constamment à contre-courant de ce qui se fait autour d’elle, en évitant toute uniformisation, Pomme continue d’explorer les recoins cachés de son intimité pour nous les dévoiler sur fond de magnifiques mélodies éthérées et paroles enchantées. Le genre d’album profondément réconfortant, dans lequel on aimerait se lover des heures sans jamais retourner à la réalité.
Orville Peck
Le cowboy le plus queer du Canada est revenu cette année, trois ans après son premier album, avec Bronco, un projet country largement à la hauteur de nos attentes. Toujours caché derrière son masque à frange, le chanteur continue de bâtir un univers musical bien à lui, qui casse les codes de la country, genre musical souvent jugé trop masculin et étriqué. À la manière d’un Lil Nas X avec Old Town Road, Orville Peck fait fi de tout cela et nous gratifie de 15 titres où rencontres et relations sont synonymes de douce solitude. Dans ses clips, visuellement très soignés, le chanteur arbore des looks hybrides, croise Norman Reedus (The Walking Dead) puis Riley Keough (actrice, réalisatrice, et petite fille d’Elvis), et nous berce au rythme de sa voix grave et de ses balades mélancoliques.
Yungblud
L’enfant terrible de la nouvelle scène rock anglaise a encore frappé : Yungblud revient avec un troisième album cohérent et catchy, où l’artiste se joue de son image avec intelligence. Souvent critiqué pour en faire trop, d’être une caricature des rockstars passées, d’être inutilement trash, le chanteur de 25 ans répond avec malice et sincérité, plutôt que rage et provocation. Cela donne place à un album plus mainstream mais plus affirmé et confiant, sur des rythmes toujours plus entrainants les uns que les autres (dont un featuring avec Willow, autre figure émergente du rock queer actuel). Finalement, à bien des égards, ce troisième album apparaît comme celui de la maturité : Yungblud sait plus que jamais qui il est, et il est loin de vouloir s’en excuser.
Kiddy Smile
Année chargée pour Kiddy Smile, qui en plus d’officier au pupitre du jury de Drag Race France aux côtés de Daphnée Burki et de Nicky Doll, a aussi sorti le premier volume de son EP Paris’ Burning, sur lequel figurent six titres électro où l’artiste multi-facettes prône une différence ardente. Une radicalité qu’il appose aussi à ses clips, sexy et dénonciateur, dans lesquels il étrille la police française, le racisme et l’homophobie avec une rage galvanisante, presque cathartique.
Lou Paradise
Après quelques singles sortis par-ci par-là, Lou Paradise dévoile en mai dernier son premier EP officiel, Sublime, comprenant six titres aux mélodies harmonieuses à mi-chemin entre Lana Del Rey (dont il s’inspire aussi grandement pour ses visuels) et Louane. Dans ce premier essai fructueux, le jeune chanteur se prête au jeu de la confidence et ouvre son cœur sur ses insécurités, ses regrets et ses contradictions, pour arriver à la toute fin de son EP à une conclusion simple mais jamais assez évidente : je serais sublime, et pour toujours. Des débuts très prometteurs donc, pour un artiste à l’identité musicale déjà bien marquée.
Tove Lo
Le premier album de Tove Lo en tant qu’artiste indépendante, délicieusement nommé Dirt Femme, après une carrière déjà bien installée depuis son tube Stay High en 2014, est à son image : éclectique, engagé et provoquant. De l’électro à la country (superbe duo avec First Aid Kit), en passant par ce qu’il y a de plus pop, Tove Lo multiplie les genres pour une oeuvre hallucinée, qui ne ressemble qu’à elle. La chanteuse continue d’explorer sans limites, d’expérimenter sans retenue, et semble ne jamais être vraiment rassasiée : tant mieux pour nous !
Mélissa Laveaux
Artiste multi-tâches et militante radicale, Mélissa Laveaux joint parfaitement ces deux visages comme s’ils étaient les deux faces indissociables d’une seule et même pièce, deux versants profondément constitutifs de la femme qu’elle est aujourd’hui. De fait, son nouvel album Mama Forgot Her Name Was Miracle est un petit bijou, terriblement inventif et ardemment engagé. Bien que canadienne et naturalisée française en 2019, l’auteure-compositrice chante presque intégralement en anglais, laissant parfois le créole s’introduire par-ci par-là. En résulte une œuvre complète, aux sonorités pop-folk entêtantes sur lesquelles s’appose à merveille sa voix rauque. Avec cette magnifique ode à la transgression, Mélissa Laveaux signe l’un des meilleurs albums de l’année, rien que ça.
Kim Petras
Impossible de faire cette liste sans y inclure de la pop pure, catchy, sexy et colorée. À ce rayon cette année, la chanteuse trans Kim Petras a excellée grâce à son nouvel EP Slut Pop, dans lequel se succèdent sept chansons électro aux titres plus évocateurs les uns que les autres, de Throat Goat à Superpower Bitch, en passant par Treat Me Like A Slut. Des chansons faciles, courtes, régressives et outrancières, qui, sans être de la grande musique, arrivent à faire leur effet.
Aurora
Son ascension récente est très certainement le succès le plus revigorant ayant eu lieu dans le monde musical actuel : qu’une artiste aussi singulière, unique en son genre, puisse s’exprimer librement et en bonne et due forme donne littéralement ton son sens à l’art. Pour son nouvel album, The Gods We Can Touch, la chanteuse norvégienne Aurora retrouve la virtuosité qu’on lui connait pour crier son amour à Mère Nature. Et parmi une quinzaine de titres magnifiques, aux influences multiples, baroques et évanescentes, se trouve un duo sublime entre elle et Pomme. Une combinaison si parfaite que l’on aurait même pas oser l’imaginer, mais qui coule de source tant leurs deux voix cristallines se complètent l’une et l’autre à merveille, pour former un petit miracle musical tout en subtilité. Aurora n’est définitivement plus le petit elfe auquel on aurait pu la comparer autrefois, elle est aujourd’hui une enchanteresse habile, une déesse à part entière, de celles que l’on peut toucher, admirer, et porter.
Omar Apollo
Omar Apollo est la révélation internationale de l’année. Son premier album compte pas moins de 16 titres tous plus intéressants les uns que les autres. Tantôt en solo, tantôt en duo avec d’autres sensations musicales (Kali Uchis et Daniel Caesar), Omar Apollo séduit par sa douce voix, son mélange des styles (du hip-hop au R&B) et de belles paroles inspirantes par lesquelles le jeune chanteur se met à nu. En plus de tout ça, le chanteur est très certainement à l’origine du coming out public le plus drôle de l’année : alors que des fans s’inquiétaient de savoir s’il était un nouvel artiste hétéro voulant s’attirer les grâces du public gay en la jouant sexy et déconstruit, le chanteur a simplement répondu “no i b sucking dick for real” (non j’ai sucé des bites pour de vrai). Pas de doutes, il a de quoi être une sensation.
Lous and the Yakuzas
En un seul album, Lous and the Yakuzas aura su se faire une place de choix parmi tous ces talents belges qui partent à la conquête du monde musical, à l’instar d’Angèle, Damso et Shay. Avec IOTA, la chanteuse passe habilement la dure épreuve du second album, et fait une nouvelle fois état d’un talent sans précédent. Plus pop et accessible, ses chansons, toujours portées par son envoutante voix, trouvent une résonance particulière via leurs textes, via lesquels l’artiste décortique les dynamiques de ses relations amoureuses, amicales ou familiales.
Bilal Hassani
Depuis son explosion via l’Eurovision 2019, Bilal Hassani a sorti pas moins de trois albums et n’a cessé de se faire de plus en plus présent dans les médias. Gagnant de « Danse avec les Stars », intervenant à la « Star Academy » et dans de nombreux autres show télé, on aurait pu craindre que tout cela fasse de lui un nouveau “produit TF1”. Bien heureusement, son petit dernier, Théorème, tend à nous prouver le contraire. L’artiste s’y confie plus que jamais, allant même jusqu’à retranscrire son traumatisme du viol dans la très belle chanson Quelle heure est-il ?. Pour autant, le chanteur ne se veut jamais grave, et compte bien nous faire danser avec cet album plus électro et exubérant que ses précédents.
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