« Seule la joie », d'Henrika Kull, une lumineuse histoire d'amour entre deux travailleuses du sexe

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L'action de « Seule la joie », second long-métrage de la réalisatrice allemande Henrika Kull, se situe dans une maison close et décrit la naissance d'un amour entre deux femmes aux parcours pourtant très différents. A ne pas manquer.

Adam Hoya et Katarina Behrens dans « Seule la joie », d'Henrika Kull - Outplay Films
Adam Hoya et Katarina Behrens dans « Seule la joie », d'Henrika Kull - Outplay Films

« Lumineuse histoire d’amour » avons-nous écrit dans le titre de cet article. Mais c’est pourtant bien une impression qui ressort du deuxième long métrage de la réalisatrice allemande Henrika Kull, Seule la joie. C’est d’une façon totalement inhabituelle que le travail du sexe est abordé dans ce film.

Une nouvelle venue arrive dans une maison close, une fille un peu punk, tatouée, avec des piercings. Elle dénote parmi les autres femmes présentes. Entre deux passes, elle écrit de la poésie dans un carnet. Elle va vite être remarquée par une autre femme, plus âgée, sa collègue Sascha. Vont-elles réussir à s’aimer ?

Rien de sordide dans la description du lieu, toujours baigné d’une douce lumière et où la responsable arbore un sourire bienveillant.

Clairement, Sascha et Maria, les deux personnages du film, savent que leur autonomie de femme passe aussi par ce choix d’un travail certes très discriminé mais qui reste un travail. Surtout dans le cadre très particulier de la prositution en Allemagne et singulièrement à Berlin, où les maisons closes sont autorisés et le travail du sexe légal et où il n’existe pas de loi pénalisant les clients.

La violence masculine, c’est plus fréquent en dehors de ce lieu clos que Sascha et Maria pourront y être confrontées.

Pour Henrika Kull, tourner dans une véritable maison close était impératif afin de pouvoir montrer la réalité telle qu’elle est et pour ne pas prêter le flan à la critique d’avoir voulu enjoliver les choses. Dans l’entretien qu’elle nous a accordé ce mercredi 2 novembre (et que nous publierons prochainement) elle explique ne pas vouloir masquer non plus les difficultés de ce travail, mais comme « tout travail dans une société capitaliste, patriarcale et hétéronormée ».

Durant le film, on pense aux mots de Virginie Despentes dans King Kong Théorie : « La décision politique qui consiste à victimiser les prostituées remplit aussi cette fonction : marquer le désir masculin, le confiner dans son ignominie. »

L’histoire de ce film a aussi connu un tournant important lorsque Adam Hoya, qu’Henrika Kull avait connu par le documentaire Eva Collé, a fait son coming out d’homme trans. Pourtant, comme la réalisatrice nous l’a confié ce matin, le film ne pouvait se faire sans lui et leur complicité a joué un grand rôle dans la réussite du projet. D’autant qu’Adam, s’il se définit comme un homme trans, refuse de se plier aux injonctions d’assignation de genre.

Sorti en Allemagne durant la pandémie, Seule la joie n’y a pas eu le succès escompté. En France, sa sortie est assez limitée. Dommage c’est une proposition enfin novatrice sur un amour entre femmes dans un milieu que trop longtemps le cinéma a cantonné aux stéréotypes et au male gaze.

« Seule la joie », d’Henrika Kull, avec Katharina Behrens et Adam Hoya, en salles le 2 novembre. A ne pas manquer.

 

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