« Kamasutra + » : « Nous voulions que toutes les sexualités, tous les genres, et tous les corps puissent être représentés au sein d'un même ouvrage »
Sandrine Fournier dirige le Pôle Financements Recherche et Associations de Sidaction. L'association vient de publier une superbe version LGBTI+ du célèbre ouvrage sur la sexualité. Pour le très réussi « Kamasutra +», préfacé par Eddy de Pretto, Sidaction a fait appel à une flopée de dessinateur.rices.
Sidaction avait suscité beaucoup de curiosité lors de la dernière Marche des fiertés, à Paris, le 26 juin dernier. Pour la première fois, l’association de lutte contre le sida avait son propre char décoré d’illustrations assez graphiques sur la sexualité LGBTI+.
Comme elle a de la suite dans les idées, l’association publie aujourd’hui sa propre version LGBT du Kamasutra, le plus célèbre ouvrage sur la sexualité. Pour le très réussi Kamasutra +, préfacé par Eddy de Pretto, Sidaction a fait appel à une flopée de dessinateur.rices qui ont réussi le pari d’illustrer brillamment 69 positions et autant de gestes de prévention. Un objet beau et déjà culte que nous présente Sandrine Fournier, Directrice du Pôle Financements Recherche et Associations de Sidaction.
Komitid : Comment est née cette idée de revisiter le Kamasutra en version LGBT+ ?
Sandrine Fournier : L’idée est venue lorsque nous avons décidé de participer à la Marche des fiertés, avec un message d’inclusion de toutes les sexualités. Le Kamasutra est un ouvrage de référence sur la sexualité, mondialement connu. Il est évidemment hétérocentré, avec une prééminence des actes de pénétration. Il existe par ailleurs quelques versions gays ou lesbiennes, mais toutes mettent en scène des corps très normés, musclés, minces, etc. Nous voulions que toutes les sexualités, tous les genres, et tous les corps puissent être représentés et célébrés au sein d’un même ouvrage. Le message est clair : soyez fier.e.s de vos corps et de vos sexualités, quels qu’ils soient.
Y a-t-il des positions qui vous ont donné plus de souci que d’autres en terme d’illustration ou de messages de prévention ?
En fait non, les dessinateur.rices étaient libres de choisir les positions qu’ils et elles souhaitaient illustrer, y compris d’en inventer, incluant les préliminaires, la masturbation, ou l’absence de désir sexuel. Une seule contrainte, intégrer un outil de prévention. Nous leur avons donné la liste des outils existants, et ils avaient carte blanche pour les intégrer. En revanche, nous avons précisé aux artistes que l’ouvrage était destiné à un large public, et aussi rappelé que certaines illustrations montrant des organes génitaux pouvaient être censurées sur les réseaux sociaux.
Les bénéfices de ce livre d’art viendront soutenir vos actions au quotidien. En matière de lutte contre le sida auprès des populations LGBT+, quels sont vos axes prioritaires en France ainsi que dans les pays où Sidaction intervient ?
En France, nous soutenons plus particulièrement des associations réalisant des actions de prévention de proximité auprès des gays, sur les lieux de rencontre extérieures, dans les espaces festifs, et sur internet. Nous finançons également des centres LGBT qui offrent des services de santé, notamment des dépistages rapides, ou des permanences sur la PrEP. Nous portons aujourd’hui une attention particulière aux actions destinées aux hommes gays nés à l’étranger, parmi lesquels les nouveaux diagnostics étaient en augmentation ces dernières années. Nous soutenons par ailleurs des associations communautaires trans ou d’autres structures intervenant auprès des personnes trans pour leurs actions de prévention, mais aussi d’accès aux droits et aux soins. En outre, Sidaction a initié avec l’Ined, Acceptess-T et le Pastt, une recherche opérationnelle pour mieux comprendre les freins d’accès à la PrEP dans cette communauté, et pour évaluer l’impact de la médiation proposée par ces associations.
En Afrique et en Europe de l’Est, nous finançons également des offres de service dédiées spécifiquement aux personnes LGBT, dans certains contextes où l’homosexualité et la transidentité sont criminalisées. Dans ces contextes, les financements internationaux permettent un accès effectif aux soins et à la prévention, là où les personnes seraient fortement discriminées dans les services de soins classiques. Nous offrons par ailleurs des formations pour soutenir des actions de plaidoyer en faveur des droits des personnes LGBT. Aujourd’hui, en Afrique, nous observons le développement d’associations trans. L’enjeu, au-delà des financements, est aussi de les accompagner pour favoriser leur développement, en organisant notamment des échanges entre associations du Nord et du Sud.
Pour acheter sur internet le livre « Kamasutra + de tous les amours » publié par Sidaction, c’est par ici.
« Kamasutra + » est aussi disponible en édition limitée dans les librairies suivantes :
- La librairie-galerie Artazart à Paris – 83 Quai de Valmy, 75010 Paris
- Le Kiblind Store au Centquatre – 5 Rue Curial, 75019 Paris
- La Librairie Le Bal des Ardents à Lyon – 17 Rue Neuve, 69001 Lyon
- La HAB Galerie à Nantes – 21 Quai des Antilles, 44200 Nantes
- La Librairie Candide à Bruxelles – Place Georges Brugmann 2, 1050 Ixelles, Belgique
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