Les autorités serbes interdisent la marche de l'Europride
Les autorités serbes ont interdit officiellement mardi 13 septembre la marche de l'Europride, un événement paneuropéen de la communauté LGBTI+ prévu samedi à Belgrade.
“La police serbe a interdit la marche de l’Europride cette année, en remettant une notification officielle aux organisateurs”, a annoncé la Belgrade Pride dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, promettant de lutter contre cette annulation.
“La Belgrade Pride utilisera tous les moyens légaux pour renverser cette décision”.
Le ministère serbe de l’Intérieur a confirmé quelques instants plus tard dans un communiqué avoir interdit le défilé, ajoutant qu’une contre-manifestation visant la marche des fiertés serait également prohibée.
“Des conflits insensés dans les rues de Belgrade rendraient plus difficile la position de notre pays, mettrait en danger la sécurité des participants à la marche de même que celle des autres citoyens”, a déclaré le ministre de l’Intérieur Aleksandar Vulin.
Les tensions s’accumulent dans le petit pays des Balkans depuis que le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé fin septembre qu’il réclamait l’annulation du défilé, suscitant la colère des représentants de la communauté LGBTI+.
Le chef de l’Etat serbe a mis en avant toute une série de raisons pour expliquer sa position, évoquant des tensions autour de l’ancienne province du Kosovo ou des inquiétudes sur l’énergie et l’alimentation.
Les organisateurs de l’Europride, une manifestation qui se tient successivement dans différentes capitales européennes, avaient condamné ces propos, déclarant que le gouvernement n’avait pas l’autorité pour annuler la marche.
“Risques de violences”
Goran Miletic, l’un des organisateurs, a déclaré que l’événement aurait lieu malgré l’interdiction.
“Nous allons certainement nous rassembler et défiler comme prévu”, a-t-il dit à l’AFP.
Le mariage des couples de même sexe n’est pas légal dans ce pays des Balkans et l’homophobie y est profondément enracinée malgré les mesures prises au fil des années pour réduire les discriminations.
Si la Première ministre serbe Ana Brnabic est ouvertement lesbienne, sous la surface, l’homophobie est rampante. Se tenir la main en public reste tabou pour les couples de même sexe tandis que près de 60 % de la communauté LGBTI+ dit avoir subi des abus physiques ou émotionnels, selon une étude publiée en 2020 par les ONG IDEAS et GLIC.
En 2001 et 2010, les marches des fiertés de Belgrade avaient été visées par des groupes d’extrême droite et des graves violences avaient éclaté.
Depuis 2014, la Belgrade Pride se tient régulièrement mais sous forte protection policière.
Le ministère de l’Intérieur a invoqué des raisons de sécurité pour justifier sa décision. “Les deux manifestations se seraient tenues tout près l’une de l’autre et nous avons estimé qu’il y avait un risque d’attaques et de conflits, de même qu’un risque de violences”.
L’annonce de l’interdiction de la marche des fiertés survient quelques jours après une manifestation gigantesque qui a rassemblé à Belgrade des milliers de personnes, gangs de motards, prêtres orthodoxes et nationalistes d’extrême droite exigeant une telle mesure.
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