« Chair tendre » : l’adolescence d’une personne intersexe racontée sur France Télévisions
« Chair tendre », la nouvelle série de France·tv slash, dresse le portrait de Sasha, une adolescente intersexe qui navigue entre les genres et tente de se réapproprier son corps.
[Mise à jour] Date de diffusion
On est tous et toutes passé par là. L’adolescence. Ce moment où le corps change, où les désirs naissent, où l’identité s’interroge. Pour Sasha, 17 ans, presque 18, l’adolescence est le moment d’une quête de soi, parfois difficile mais toujours nécessaire.
Arrivée dans une nouvelle école, suite à un déménagement imposé par le travail de son père, elle essaye, tant bien que mal, de s’intégrer parmi ses pairs. Pour ce faire, elle tente de « faire disparaître le monstre ».
Le monstre, c’est son corps. Un corps mutilé à la naissance car jugé non-conforme. Le corps d’une personne intersexe qui ne rentre dans aucune case, aucune norme, aucune catégorie.
Mais comment vivre son adolescence, le moment où précisément les injonctions à être dans la norme sont les plus fortes, en étant dans la marge, en étant hors de la norme ?
C’est ce qu’interroge Chair tendre, une série en 10 épisodes, produite par France·tv slash et réalisée par Yaël Langmann et Jérémy Mangui*. Avec une réalisation aboutie et des acteur·ices qui maitrisent leur partition (on pense notamment à Angèle Metzger absolument saisissante dans son rôle de Sasha, à Daphné Bürki, impeccable dans son rôle de mère un peu paumée mais attachante et à Saül Benchetrit, fulgurante dans son rôle de petite sœur esseulée et rebelle), Chair tendre plonge le spectateur dans le parcours de la quête de soi d’une personne intersexe.
Il y est question d’identité de genre, Sasha assignée garçon à la naissance souhaite désormais être genrée au féminin, mais aussi de mutilations et de la nécessité de reprendre possession de son corps.
L’adolescence y est montrée dans tout son paradoxe. D’un côté, elle est terriblement cruelle car elle est la scène de moments d’une violence inouïe (diktat de la conformité, moqueries, harcèlement, violences sexuelles…). De l’autre, elle est une sorte de matrice, une seconde naissance qui permet de se réinventer, de se trouver, et même, dans le cas de Sasha, de s’affirmer.
Une adolescence double
L’adolescence de Sasha est double. Elle est d’abord celle d’une personne intersexuée qui se construit dans un monde où l’intersexuation est encore taboue et invisibilisée. Elle est ensuite celle de toute jeune fille ou jeune garçon, à savoir emplie de honte, de doutes, de questionnements.
La réussite de cette série tient à sa capacité à raconter l’intersexuation en l’incarnant à travers un personnage touchant et humain sans tomber dans la caricature ou le spectaculaire. Au fil des épisodes, on s’attache à Sasha mais aussi aux autres personnages qui incarnent ses proches et qui s’efforcent, maladroitement sans doute, mais toujours honnêtement, de comprendre ce qu’elle traverse.
Pour Yaël Langmann, autrice et co-réalisatrice de Chair tendre, l’objectif de la série était de « raconter l’histoire de personnes qui s’aiment ». C’est chose faite. La série parvient à filmer l’amour, maternel, fraternel, amical et sensuel, qui entoure Sasha, dans toute sa complexité.
Et lorsque vient le moment de refermer son ordinateur ou d’éteindre sa télévision, on se dit qu’on en avait bien besoin de ce récit et on espère qu’avec cette série, tou·te·s les Sasha de ce monde ont désormais trouvé leur refuge.
*La série sera disponible en intégralité sur France tv slash à partir du 23 septembre.
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