3 questions à Nicolas Derche, directeur national du pôle santé communautaire du Groupe SOS
Nicolas Derche est directeur national du pôle santé communautaire du Groupe SOS. Une campagne a été initiée avec l'appli de rencontres Tinder pour les utilisateur·rices LGBT. Il nous en dit plus.
Nicolas Derche est directeur national du pôle santé communautaire du Groupe SOS.
Une campagne d’information et de sensibilisation sur les questions LGBTI+ et les discriminations a été initiée avec l’application de rencontres Tinder pour les utilisateur·rices LGBT fin mai. Il nous en dit plus sur les objectifs de cette campagne originale.
Komitid : Comment avez-vous conçu cette campagne avec Tinder ?
Nicolas Derche : Le Groupe SOS est engagé depuis plusieurs années sur les enjeux de santé sexuelle d’approche communautaire. Notre centre de santé, Le Checkpoint Paris propose une offre de santé sexuelle gratuite dédiée aux personnes LGBTQI+, incluant le dépistage des IST et du VIH, le traitement sur place en cas de résultat positif à une IST ou une orientation vers des services spécialisés en cas de résultat positif pour le VIH, l’initiation et le suivi de la PrEP…
Tinder nous a contacté, dans la continuité de leurs engagements dans la lutte contre les LGBTphobies, pour construire avec nous une campagne autour de l’enjeu trop peu visible des conséquences des LGBTphobies sur la santé. En effet, les discriminations subies par les personnes LGBTQI+ ont des effets directs sur la santé, mentale et sexuelle, des victimes : isolement, retard aux soins… Cette campagne permet de diffuser des messages de sensibilisation, de faire connaitre Le Checkpoint Paris, et de fournir des ressources. Lutter contre les inégalités d’accès aux soins implique un engagement aux côtés des communautés les plus exposées : c’est ce que nous faisons ici avec Tinder.
« Lutter contre les inégalités d’accès aux soins implique un engagement aux côtés des communautés les plus exposées »
A qui s’adresse principalement cette campagne ?
Elle s’adresse à tou.te.s les utilisateur.rice.s de Tinder. Cette campagne vise en premier lieu à sensibiliser les personnes qui n’appartiennent pas aux communautés LGBTQI+ en leur rappelant que les LGBTphobies ont un impact négatif sur la santé mentale et physique des personnes LGBTQI+, et que les discriminations peuvent être vécues dans tous les espaces de la vie sociale, même dans ceux qui a priori devraient être les plus inclusifs et respectueux des identités de genre et des orientations sexuelles comme les lieux de soin. Nous souhaitions donc profiter de l’espace offert par Tinder pour relayer les données de Santé publique France qui sont particulièrement préoccupantes. En effet, 9 % des personnes homosexuelles déclare avoir vécu au moins un épisode ressenti comme homophobe ayant dans la majorité des cas abouti à des ruptures ou des renoncements aux soins. Une personne trans sur quatre déclare avoir renoncé à voir un médecin au cours des 12 derniers moins de crainte d’être discriminée. Il est nécessaire que les personnes qui ne vivent pas ces discrimination antiLGBT aient conscience de leur impact délétère sur la santé et la capacité des personnes LGBTQI+ à prendre soin de leur santé.
Nous souhaitions également communiquer en direction des utilisatrices et utilisateurs LGBTQI+ de Tinder, et notamment celles et ceux vivant en Ile-de-France, afin de les informer du déploiement de notre nouvelle offre de santé, qu’il s’agisse du dépistage express, de la délivrance sur place des traitements contre les IST, des larges plages de consultation dédiées à la PrEP ainsi que des consultations spécialisées répondant à des besoins spécifiques par des professionnel.le.s de santé engagés auprès des communautés LGBTQI+.
Avez-vous déjà pu mesurer les effets de cette campagne et si oui, comment cela s’est-il traduit ?
C’est à la fin de la campagne que Tinder pourra mesurer son impact et analyser les retours de ses utilisateur.rice.s, donc pas avant la fin du mois d’août. Mais depuis le 24 mai, date à laquelle la campagne a débuté, plusieurs personnes nous ont indiqué lors de leur passage au Checkpoint qu’elles avaient pris connaissance de l’existence de ce centre de santé sexuelle d’approche communautaire dédié aux LGBTQI+ et aux travailleur·euses du sexe via Tinder. Cela conforte l’idée de communiquer via différents médias pour informer et sensibiliser des publics qui sont éloignés de nos canaux de communication habituels.
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