La deuxième Marche des fiertés de Guéret se mobilise pour l'accueil des exilé·es LGBT
Cette année, les associations LGBT locales se mobilisent en particulier sur la question des demandeur·euses d'asile. Bakary, un jeune Ivoirien débouté du droit d'asile doit prendre la parole durant la manifestation du 18 juin pour raconter son parcours.
Comme plus de 70 villes de France, Guéret, capitale de la Creuse, va voir défiler dans ses rues la Marche des fiertés. Elle est organisée le 18 juin par l’association LGBTQIA+ Creuse. L’an passé, elle attendait moins de 100 personnes et ce sont 300 participant·es qui se sont présenté·es. Cette année, la manifestation est marquée par la question des demandeurs et demandeuses d’asile LGBT. En effet, depuis plusieurs mois, les associations locales se mobilisent pour faire en sorte que Bakary, demandeur d’asile, puisse rester en France.
Bakary Diakité, 27 ans, a dû quitter son pays, la Côte d’Ivoire, parce qu’il était menacé. Bakary est gay et a dû fuir après que sa relation avec un autre homme a été découverte. Son compagnon a été, selon son témoignage, lynché à mort. Entre 2017 et janvier 2020, lorsqu’il arrive enfin en France, Bakary « survit » dans la peur au Mali, en Algérie puis au Maroc.
Il pensait qu’une fois en France, son récit de vie lui permettrait d’obtenir l’asile mais ce n’est pas le cas. L’Ofpra ne lui a pas accordé le statut de réfugié, et son recours à la Cour nationale du droit d’asile a échoué.
Après avoir vécu en région parisienne début 2020, il est envoyé dans un lieu d’hébergement pour demandeur d’asile à Peyrat-le-Château, en Haute-Vienne.
Aujourd’hui, il est menacé d’expulsion de France et il vit sous la menace d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Très récemment, les associations LGBTI de la région (dont le Refuge, Adhéos, EntrAIDSida, …) se sont jointes à l’Ardhis pour déposer un recours gracieux auprès de l’Ofpra.
Interviewé par Komitid, Bakary se réjouit de cette mobilisation. « Au début, oui j’étais surpris. Avant même d’arriver en Europe, je ne savais pas qu’il y avait cette solidarité dans la communauté LGBT. Les gens s’entraident. »
Bakary a été notamment aidé par l’association Montagne Accueil Solidarité. Elle a contacté Christophe et son compagnon. C’est ce couple gay grâce auquel Bakary a pu créer des liens depuis près d’un an et qui l’a aidé à entrer en relation avec le milieu associatif local.
Christophe explique que la solidarité est très forte dans ce territoire. « Ça s’inscrit dans un état d’esprit dans la région où l’associatif est extrêmement fort. Sur le plateau de Millevaches en particulier, c’est très alternatif et contestataire. »
Des élus se sont également mobilisés, comme le montrent les nombreuses lettres que nous avons pu consulter.
Bakary Diakité affirme qu’aujourd’hui il n’a « plus peur » et qu’« il est libre, ce qui n’était pas le cas avant. » Il doit d’ailleurs prendre la parole lors de la Marche des fiertés de Guéret, en espérant que cette mobilisation serve à faire connaître aussi les difficultés des demandeur·euses d’asile LGBT.
De son côté, Christophe explique : « Toutes les personnes qui découvrent l’histoire de Bakary tombent des nues, pensant que c’est facile d’obtenir l’asile à fortiori quand on est LGBT et qu’on vient d’Afrique. Tout semble fait pour gêner, empêcher, interdire. »
Bakary nous confie à l’issue de notre entretien : « Je n’ai plus peur maintenant de m’exprimer en public. » Son appel sera-t-il écouté ?
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