Variole du singe : « Ce n'est pas une maladie gay », affirme un expert de l'OMS
Si ce virus peut être attrapé via une activité sexuelle, ce n'en est pas pour autant une maladie sexuellement transmissible, a souligné Andy Seale, conseiller en stratégies des programmes mondiaux de l'OMS sur le VIH, l'hépatite et les IST.
Alors que les cas de variole du singe continuent d’augmenter hors des zones endémiques d’Afrique, notamment en Europe, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé lundi une situation “atypique” mais jugé possible de “stopper” cette transmission de la maladie entre humains.
Des cas ont été jusqu’alors confirmés dans une dizaine de pays européens mais aussi en Australie, au Canada ou encore aux Etats-Unis. Neuf pays de l’UE (Autriche, France, Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Portugal, Suède) concentrent pour l’instant 67 cas, selon l’agence de l’Union européenne chargée des maladies (ECDC).
Il y a actuellement “moins de 200 cas confirmés et suspectés” dans ces pays non endémiques, selon Maria Van Kerkhove, chargée de la lutte contre le Covid-19 mais aussi les maladies émergentes et zoonoses à l’OMS.
Ce chiffre concerne seulement des pays où la présence de la variole du singe est inhabituelle.
L’OMS s’est cependant montrée confiante sur la possibilité de “stopper” la transmission de la maladie entre humains dans ces pays “non endémiques”, lors d’une séance de questions/réponses lundi.
“C’est une situation qui peut être contrôlée, particulièrement dans les pays où nous voyons cette épidémie se produire en Europe”, a déclaré Mme Van Kerkhove.
L’identification précoce et l’isolement des cas font partie des mesures préconisées par l’OMS comme par l’ECDC, a-t-elle souligné, précisant qu’il n’y avait pour l’heure pas de cas grave.
La maladie, cousine moins dangereuse de la variole éradiquée depuis une quarantaine d’année, est endémique dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
Elle se traduit d’abord par une forte fièvre et évolue rapidement en éruption cutanée, avec la formation de croûtes.
Ce qui intrigue et préoccupe les experts est l’apparition simultanée de cas dans de nombreux pays, chez des personnes qui, pour la plupart, n’avaient pas de lien direct avec les pays où la maladie est endémique.
“Pas une maladie homosexuelle”
D’après de premières analyses, comme un premier séquençage de génome au Portugal, le variant du virus appartiendrait à la souche présente en Afrique de l’Ouest, associé à une maladie moins grave que l’autre variant de la variole du singe.
On ignore encore si le virus a muté, a observé Rosamund Lewis, chargée de la variole au programme d’urgence de l’OMS, mais ces orthopoxviroses “ont tendance à être assez stables”.
Pour la population en général, la probabilité de contagion est “très faible”, a jugé le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dans sa première évaluation des risques depuis l’apparition inhabituelle de dizaines de cas en Europe et en Amérique du Nord.
“Toutefois, la probabilité de transmission du virus en cas de contact proche, par exemple durant des rapports sexuels avec des personnes ayant plusieurs partenaires, est considérée comme élevée”, a noté l’agence dans son rapport.
La variole du singe est habituellement transmise à l’homme par des rongeurs sauvages ou des primates. Mais une transmission inter-humaine est également possible, par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’une personne malade, ainsi que par les gouttelettes.
Si ce virus peut être attrapé via une activité sexuelle, ce n’en est pas pour autant une maladie sexuellement transmissible, a souligné Andy Seale, conseiller en stratégies des programmes mondiaux de l’OMS sur le VIH, l’hépatite et les infections sexuellement transmissibles.
Dans l’épisode actuel, plusieurs cas ont été identifiés parmi des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Mais “ce n’est pas une maladie homosexuelle, comme certaines personnes sur les réseaux sociaux ont tenté de l’étiqueter”, a insisté cet expert.
L’Onusida a averti dimanche que les dérapages homophobes et racistes parfois constatés dans les commentaires sur la variole du singe pourraient “rapidement miner la lutte contre l’épidémie”.
Une grande réunion mondiale avec tous les experts de nombreuses branches doit se tenir la semaine prochaine pour débattre de l’épisode en cours.
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