Charlie Pâle : « Je veux montrer que c’est possible de faire ce qu’on aime en étant une personne trans »
À l’occasion de la Journée internationale des visibilités trans, Komitid dresse le portrait de Charlie Pâle, un chanteur trans de 24 ans pour qui la musique est avant tout un récit de soi.
La rencontre avait lieu dans le 15èmearrondissement de la capitale. Mercredi, Charlie Pâle était à Paris pour faire la promotion de son 1er EP qui sortira le 7 avril prochain. Après un check de la main, covid-19 oblige, il a pris le temps de répondre à nos questions avec pudeur et spontanéité. Il nous a parlé de lui, de son parcours, de sa musique.
« J’aime beaucoup les symboliques », nous explique le jeune homme de 24 ans, bientôt 25, qui a réalisé son dernier clip dans son ancien lycée. Son adolescence, Charlie Pâle l’a très mal vécue. Tombé malade à 16 ans, il quitte l’école et se retrouve dans une « immense solitude ». Pour faire passer le temps et extérioriser, il apprend la guitare et se met à composer. Ses textes racontent ce qu’il a vécu, décrivent ce qu’il a traversé. « Je ne sais pas écrire autrement », nous confie-t-il, « il faut absolument que ce que j’écrive, je le vive ».
Lauréat de la première édition du Tremplin Music’AL d’action logement, il tourne son premier clip en 2018. Cette première expérience a été « très formatrice », pour le jeune homme qui entre ainsi dans le monde de la musique professionnelle. À partir de là, il enchaîne les premières parties (Gaëtan Roussel, Hoshi ou encore Ben Mazué pour ne citer qu’eux). Sur la scène, Charlie Pâle se sent « à l’aise », lui qui a toujours su que la musique était « ce qui lui correspondait ».
Aujourd’hui, le jeune homme travaille en intérim, en parallèle de la musique. « Il faut bien payer son loyer », ironise-t-il. Un travail dur mais pratique puisqu’il lui permet une certaine liberté d’organisation.
Depuis plusieurs mois, le chanteur documente sa transition sur son compte Instagram, en particulier son changement de voix pour montrer qu’il est possible de faire de la musique en étant une personne trans. Il nous raconte avoir eu « très peur » de perdre sa voix lorsque, comprenant qu’il était un homme trans, il s’est rendu compte qu’il allait devoir prendre des hormones. « C’était pour moi impossible », témoigne-t-il. Finalement, à force de travail et d’exercices vocaux, il est parvenu à préserver la beauté de sa voix.
D’une certaine manière, Charlie Pâle a créé l’exemple qu’il aurait voulu avoir plus jeune. Lui qui nourrit l’ambition de gagner un jour la Victoire de la Musique de la « révélation masculine de l’année », estime qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de représentation des personnes trans. « On est mal représentés. On parle de nous, mais on ne parle pas bien de nous », constate-t-il.
Sept ans après avoir commencé la musique, ses attentes vis-à-vis du métier n’ont pas changé. Il rêve encore d’un album et des salles de concerts pleines à craquer. Bref, de vivre de sa musique, tout simplement.
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