3 questions à Manuela Salcedo de Aides sur l'enquête SEXTRA
« L’objectif principal de SEXTRA est d’identifier les déterminants associés au VIH chez les hommes et les personnes trans travailleurs-es du sexe dans huit pays ».
Manuela Salcedo, chargée de mission Recherche communautaire pour l’association AIDES présenté à Komitid l’enquête ANRS SEXTRA, qui vise à mieux connaître les expériences des travailleur·euses du sexe, connaître les déterminants liés au VIH ainsi que leurs besoins en santé sexuelle.
Komitid : Pourquoi avez-vous lancé le projet SEXTRA ?
Manuela Salcedo : La première fois que nous avons discuté sur le projet qui allait devenir ANRS SEXTRA, c’était lors d’une réunion d’identification des besoins en recherche communautaire qui a eu lieu en 2015 et qui a rassemblée les chargé·es de recherche communautaire des associations membres de Coalition PLUS. Plusieurs associations ont partagé un même constat : depuis 10 ans, les travailleurs-ses du sexe (TDS) utilisent de plus en plus internet pour atteindre leur clientèle, réduisant ainsi, dans certaines régions, leur présence dans l’espace public. De plus, la criminalisation du travail du sexe ainsi que les pratiques pouvant être liées à cette activité, telles que la consommation de drogues et l’homosexualité, créent des environnements encourageant la stigmatisation et la discrimination. Ce contexte peut ainsi limiter l’accès aux services de soins et la santé sexuelle de ces populations. Pour toutes ces raisons, il est apparu nécessaire de réaliser une étude exploratoire vis-à-vis de cette population difficile à atteindre par les acteur·ices de prévention et identifier quels sont leurs déterminants liés au VIH ainsi que leurs besoins en santé sexuelle, qui restent souvent méconnus.
Dans les années suivantes, les associations ont réalisé des consultations auprès des TDS. C’est le cas de l’association bolivienne IDH à Cochabamba ou encore de l’association équatorienne Kirimina à Quito et Guayaquil. Ce travail a été discuté lors d’un second séminaire de recherche communautaire où les questions de recherche, les publics ciblés et une première proposition de protocole ont été discutés et précisés. Nous avons également établi un partenariat avec l’équipe de recherche Santé et Recherche Communautaire (SanteRComm) de l’Inserm et nous avons travaillé sur la création du projet SEXTRA, qui a été déposé à l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes en 2019. Le projet a été accepté et financé, avec deux responsables scientifiques qui travaillent dans le milieu communautaire.
À l’heure actuelle, ce projet est porté par Coalition PLUS et par l’association bolivienne IDH, et mise en œuvre par 8 associations de 8 pays : IDH en Bolivie, REZO au Canada, Kimirina en Equateur, AIDES en France, ALCS au Maroc, PILS à Maurice, GAT au Portugal et ARAS en Roumanie.
« La recherche communautaire a toujours un double objectif, d’un côté la production des connaissances scientifiques, et de l’autre la transformation sociale »
Qui peut répondre à ce questionnaire ?
Cette enquête s’adresse aux hommes cis, aux hommes trans et aux femmes trans qui offrent des échanges de services sexuels contre de l’argent ou d’autres biens et services (qu’elles s’identifient elles-mêmes comme travailleur-euse du sexe ou non) et qui font la promotion de leurs services sur Internet. Le questionnaire est disponible en sept langues.
Quels sont les objectifs de cette enquête et comment comptez-vous vous appuyer sur les résultats dans l’activité de l’association AIDES ?
L’objectif principal de SEXTRA est d’identifier les déterminants associés au VIH chez les hommes et les personnes trans travailleurs-es du sexe dans les huit pays déjà mentionnés. Ce projet a aussi ce qu’on appelle des objectifs secondaires, concrètement, identifier les déterminants socio-économiques associés au VIH chez cette population et identifier leurs besoins liés à la santé sexuelle.
La recherche communautaire a toujours un double objectif, d’un côté la production des connaissances scientifiques, et de l’autre la transformation sociale. Ainsi, les résultats issus de ce projet devront servir pour orienter l’élaboration ou l’adaptation d’interventions de AIDES afin de répondre aux besoins spécifiques de ces populations, souvent négligées par certains décideurs politiques. Les résultats seront également partagés avec d’autres structures travaillant avec la population de TDS en France.
Pour répondre au questionnaire SEXTRA, merci de suivre ce lien.
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