La communauté trans, première victime de la guerre culturelle aux Etats-Unis
Depuis plusieurs mois, des projets de loi ciblant la communauté trans fleurissent dans les Etats républicains des États-Unis, polarisant un peu plus le pays dans un contexte d'une relance de la guerre culturelle.
Le 3 février dernier, Kristi Noem, la gouverneure républicaine du Dakota du Sud a signé une loi qui empêche les femmes et les jeunes filles trans de jouer dans des équipes sportives qui correspondent à leur identité de genre dans les écoles publiques de l’État. La loi SB 46 est la première loi anti trans votée dans le pays depuis le 1er janvier.
Pour Kevin Munoz, l’un des attachés de presse de la Maison Blanche, « ce projet de loi anti-transgenres n’est rien de plus que de l’intimidation déguisée en législation et sape les valeurs fondamentales de notre nation ».
Une multiplication de lois contre la communauté trans
Plusieurs lois similaires à celle dénoncée par la Maison Blanche sont actuellement en discussion dans des Etats conservateurs.
En Arizona, un texte qui contraindrait les professeurs à prévenir les parents si leurs enfants parlait de leur identité de genre en classe est débattu par les sénateurs. Même chose en Indiana où un élu a proposé une loi qui rendrait obligatoire l’obtention d’une permission parentale avant de parler aux élèves de l’orientation sexuelle ou de la transidentité.
Dans l’Oklahoma, un projet de loi cible même les bibliothèques scolaires en cherchant à interdire des livres ayant pour sujet « les préférences sexuelles » ou « l’identité de genre ».
Il y a quelques jours, Komitid avait déjà évoqué le cas de la Floride, où les Républicains tentent de faire passer une loi qui interdirait les discussions relatives à l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
Des élections de mi-mandat à venir
La multiplication de ces projets de loi doit se comprendre dans un contexte politique particulier. A quelques mois des élections de mi-mandat, qui débutent le 1ermars par le Texas et qui se terminent le 8 novembre avec les élections nationales, les élus conservateurs tentent de s’ancrer dans la guerre culturelle opposant les Républicains et les Démocrates.
La guerre culturelle comme stratégie politique
La guerre culturelle, concept théorisé par le sociologue américain James Davison Hunter, décrit une société polarisée autour d’enjeux moraux comme l’avortement, le droits des personnes LGBTI+, l’éducation publique ou encore la discrimination dite positive. Apparue dans les années 90, cette guerre culturelle est une stratégie électorale des conservateurs qui, en polarisant le débat public, s’assurent un soutien massif et indéfectible de leurs électeurs.
Une stratégie qui a jusqu’à présent porté ses fruits. En témoigne la récente victoire du candidat républicain Glenn Younking en Virginie, un Etat démocrate. Il avait accès sa campagne sur la question de l’éducation, en dénigrant notamment l’enseignement de la « théorie critique de la race » et la question du genre.
En 2021, des projets de loi visant directement la communauté trans avaient été discutés dans 31 Etats du pays, un record.
De graves conséquences sur les jeunes LGBTI+, en particulier trans et non binaire
Dans un récent rapport réalisé par le Trevor Project, une association de protection des jeunes LGBTI+, 85 % des jeunes trans et non binaire interrogés ont indiqué que leur santé mentale avait été impactée par les récentes attaques contre leur communauté par les différents élus de droite.
« Cela va tuer des enfants », conclut Chasten Buttigieg, mari de l’actuel ministre des Transports Pete Buttigieg, à propos d’un de ces projets de loi.
Avec l’AFP
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