Une mosquée de Cannes visée par une fermeture, notamment pour « propos antisémites et homophobes »
« Nous savons que l'immense majorité des musulmans qui fréquentent cette mosquée très ancienne ne partagent pas sa dérive, certains nous avaient d'ailleurs alertés », a indiqué la mairie de Cannes dans un communiqué.
Accusée d’avoir propagé des « propos antisémites », et des propos « incitant à la haine envers les homosexuels ou transsexuels », une mosquée de Cannes (Alpes-Maritimes) est visée par une procédure de fermeture a annoncé mercredi 12 janvier Gérald Darmanin, alors que la municipalité avait « alerté depuis longtemps » sur des propos du recteur « remettant en cause l’Etat et la France ».
« Nous fermons l’une des mosquées de Cannes parce que nous lui reprochons des propos antisémites, des soutiens au CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France, ndlr) et BarakaCity », dissous fin 2020, a déclaré le ministre de l’Intérieur sur Cnews, après « s’être entretenu » avec le maire LR de Cannes, David Lisnard.
Le CCIF et BarakaCity, deux associations « islamistes » selon le ministre, ont été dissoutes dans le sillage de l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020.
« Une procédure contradictoire » a été lancée « afin d’envisager la fermeture administrative de la mosquée pour une durée de deux mois », a précisé la préfecture des Alpes-Maritimes dans un communiqué.
L’établissement visé est la mosquée Al Madina Al Mounawara, dans le centre-ville de Cannes. Ouvert depuis 25 ans sur un terrain privé, ce lieu de culte musulman accueille « beaucoup de monde et dans le quartier on s’en plaint en raison des difficultés que cela crée », a indiqué à l’AFP un responsable de la municipalité.
« Cela fait longtemps que la municipalité a alerté les autorités pour des prises de position de l’ancien recteur qui remettait en cause l’Etat et la France », a ajouté cette source.
Cette procédure a été ouverte en raison de « propos haineux envers la France » et de propos « incitant à la haine envers les homosexuels ou transsexuels », a détaillé la préfecture, parlant aussi d’« une haine antisémite explicite ».
La mosquée « promeut la charia, soutient l’islam radical et favorise de ce fait le repli séparatiste », selon la préfecture, qui relève également « les comportements ambigus entretenus avec des individus appartenant à la mouvance islamiste radicale et acquis aux thèses pro jihadistes ».
Un recteur « poussé à la porte »
Préférant rester anonyme, un bon connaisseur du culte musulman dans le département contacté par l’AFP a expliqué que les propos ayant conduit à cette procédure ont été publiés sur Facebook par l’ancien recteur : « Il mélangeait culte, réflexion personnelle, politique, (…) mais il n’officie plus dans cette mosquée depuis six mois, les membres de l’association l’ont poussé à la porte ».
« Nous savons que l’immense majorité des musulmans qui fréquentent cette mosquée très ancienne ne partagent pas sa dérive, certains nous avaient d’ailleurs alertés », a indiqué pour sa part la mairie de Cannes dans un communiqué, soulignant que la ville compte plusieurs autres mosquées, dont aucune ne pose de problème particulier.
Selon M. Darmanin mercredi, sur les « plus de 2 500 lieux de culte musulmans » en France, 70 seraient « radicalisés ».
Sur ce total, « 21 lieux de culte sont actuellement fermés, du fait de prescriptions administratives, d’une décision judiciaire, d’une reprise de bail, de travaux ou d’une fermeture administrative », selon des chiffres datant de fin décembre. Et cinq faisaient « l’objet d’une instruction » en vue d’une possible fermeture, dont celle de Cannes.
Fin décembre, la justice a confirmé la fermeture de la mosquée de Beauvais, pour des prêches d’un imam faisant notamment l’apologie du jihad armé.
Fin octobre, c’est la mosquée d’Allonnes, près du Mans (Sarthe), soupçonnée de légitimer le jihad armé ou le terrorisme lors des prêches, qui avait été fermée pour six mois sur décision préfectorale.
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