Dix phrases que les personnes séropositives ne veulent plus entendre (ou lire) et pourquoi

Publié le

Dire qu’on est séropositif.ve au VIH n’est pas toujours une chose aisée. Ça demande souvent du courage. Les réponses en retour ne sont pas toujours à la hauteur de ce courage. Voici des phrases que les personnes séropositives ne veulent plus entendre.

Illustration originale de Silver pour Komitid

La sérophobie (les discriminations en raison d’un statut sérologique positif) est tenace aujourd’hui encore malgré les progrès médicaux et la pédagogie déployée autour de la charge virale indétectable qui empêche la transmission du VIH. Par méconnaissance des modes de transmissions, les personnes séropositives au VIH se sentent encore rejetées et discriminées. Elles voient, au sein même de la communauté LGBT+, des manifestations de cette sérophobie dans des formules, souvent maladroites et quelquefois blessantes. Les personnes séropositives ne veulent plus entendre ces phrases : 

« T’es clean ? »

C’est la phrase qu’on rencontre le plus souvent. Elle veut dire littéralement : « t’es propre ». Elle sous-entend que les personnes séropositives ne le seraient pas. Ces dernières, par la connaissance de leur statut sérologique, sont les plus à même d’avoir une très bonne santé sexuelle. La prise d’un traitement antirétroviral empêche la transmission du VIH et la fréquence des analyses lors des visites de contrôle protège aussi des infections sexuellement transmissibles (IST). 

« Tu suis bien ton traitement ? »

Être séropositif au VIH et ne pas prendre de traitement, fait prendre des risques considérables en termes de santé. Les personnes séropositives le savent. Elles vivent normalement, ont une espérance de vie équivalente à celle des séronégatifs et ne transmettent pas le VIH, dès lors qu’elles prennent un traitement. Leur demander si elles prennent bien leur traitement, c’est imaginer qu’elles refusent les bienfaits des traitements : inimaginable pour une personne séropositive.

« Tu sais qui t’a plombé ? »

Premièrement, on n’utilise pas le mot « plomber » pour parler de transmission du VIH. L’expression tient du langage de la chasse et est particulièrement négative. Elle sous-entend que la personne qui a transmis le VIH serait responsable. Les personnes séropositives ne ressassent pas le passé et se concentrent sur l’avenir, sur leur vie « normale » avec le VIH qu’elles ont grâce aux traitements. 

« T’as le sida ? »

C’est une erreur commune de considérer que les personnes séropositives auraient le sida. Non, elles ont contracté le VIH, à savoir le virus qui, en l’absence de traitement antirétroviral adapté, entraine une baisse de l’immunité. Et c’est cette baisse d’immunité qui peut entrainer un stade sida, la maladie provoquée par le VIH non maitrisé. Les personnes séropositives prennent un traitement très rapidement après le diagnostic de séropositivité : elles contrôlent ainsi le VIH et évitent le sida.

« T’es séropo ? Ça se voit pas ! »

Depuis l’arrivée des trithérapies à la fin des années 90, les stigmates visibles de la maladie ont quasiment disparu. Sortir ce genre de phrase à une personne séropositive dénote d’une méconnaissance profonde des progrès de la médecine sur le VIH.

« Pas grave, je suis sous PrEP ! »

Non, être séropositif n’est pas grave. C’est un élément important de l’identité des personnes séropositives au VIH, avec lequel elles vont vivre longtemps. Mais en aucun cas, ça ne pose de problème à quiconque. Par contre, suggérer qu’avec la PrEP, on est encore plus protégé de la transmission du VIH, c’est douter de l’efficacité du TasP (Treatment as Prevention ou la prévention par les traitements). Or, c’est un fait avéré, avoir une charge virale indétectable empêche la transmission de VIH. La PrEP ne « surprotège » pas.

« T’es sûr qu’un séropo ne refile pas le sida ? »

On le rappelle ici, le sida ne se transmet pas. S’il y a transmission, c’est celle du VIH. Ensuite, ni la personne séropositive, ni la personne séronégative, ne sont responsable de cette transmission. Se protéger est une affaire personnelle et chacun doit pouvoir se sentir responsable du choix qu’il fait en termes d’outil de protection : préservatif ou PrEP pour la personne séronégative, le TasP pour la personne séropositive.

« No Poz ! »

Cette formule sur les réseaux sociaux peut être très violente, si la personne séropositive qui le lit, est fragile quant à son statut sérologique. Elle est excluante : c’est clairement de la sérophobie. C’est surtout le signe d’une méconnaissance du VIH. Les personnes qui inscrivent cette formule dans leur profil sur les applications de rencontre ne connaissent vraisemblablement pas le TasP et la protection efficace qu’il apporte.

« Vous, les séropos, vous n’avez aucun tabou ! »

Avoir une sexualité active et libérée, c’est bien. Et ce, quels que soient ses fantasmes. Cette phrase sous-entend que les personnes séropositives seraient prêtes à tout parce que le risque de transmission est nul pour eux. Et que les personnes séronégatives seraient plus précautionneuses. En prenant leur traitement et en ayant une charge virale indétectable, les séropos ne prennent aucun risque de transmission de VIH.

« Ton sida, il nous coûte cher ! »

Comme pour toutes les Affections de Longue Durée (ALD), les traitements contre le VIH ont un coût. La prise en charge du coût de ces traitements se fait avant tout au bénéfice des individus par solidarité nationale. C’est la base de notre système de santé. Aucune personne ayant contracté le VIH, comme tous les patients qui ont une ALD, ne représentent en aucun un coût pour la société.  Derrière cette critique, n’y a-t-il pas un jugement moral dû au mode de transmission du virus ? Il convient aujourd’hui de lutter contre ces représentations.

Plus d’infos sur la vie avec le VIH sur le site QuestionSexualité_

 

Voir aussi la vidéo « Vivre avec le VIH, c’est d’abord vivre » :

  • steven1306

    J’espère qu’un jour on ne dira pas : « Tu as le/la Covid ? » pour pas que les malades concerné(e)s ne soient pas aussi stigmatisé(e)s et mis à l’écart comme celles et ceux qui sont séropositifs ou séropositives ! Ces phrases ou expressions qui font mal sont presque entrées dans le dictionnaire (de la bêtise) !
    Il faudrait aussi rajouter (car c’est dans l’air du temps) les termes comme “Comorbidité” (Co Mort Bidité) qui en rajoute une couche à celles et ceux qui sont déjà frappé(es) par le VIH (ou toutes autres graves maladies) et à qui on fait bien comprendre qu’une maladie entrainant l’autre… Et aussi, la Prep qui, si j’ai bien compris, est la “pilule du lendemain” !? N’oublions pas que les traitements fatiguent les corps (même les plus beaux, eh oui !) et qu’ils sont des chimiothérapies avec leurs lots d’effets secondaires et aussi à la désocialisation petit à petit des malades du fait de ces effets. C’est ce que vous voulez comme Avenir ?

  • steven1306

    J’espère qu’un jour on ne dira pas : “Tu as le Covid ?” pour pas les malades concerné(e)s ne soient pas aussi stigmatisé(e)s et mis à l’écart comme celles et ceux qui sont séropositifs ! Ces phrases ou expressions qui font mal sont presque entrées dans le dictionnaire (de la bêtise) !

  • phil86

    @abfab75 : les personnes indétectables ne sont pas contaminantes. Les seropo dépistés sont tout de suite mis sous traitement ils deviennent très rapidement non contaminants évidemment il y a toujours une minorité qui ne prendra pas son traitement correctement et qui ne sera pas forcément indétectable mais il en va de même des mecs sous prép tous ne la prenne pas forcément correctement et ne sont donc pas forcément protégés correctement mais c’est comme la capote elle n’est pas une protection absolue puisque on peut en avoir dans sa poche et ne pas la mettre. Il n’empêche que dans l’immense majorité des cas les mecs indétectables et les mecs sous prép ne présentent pas de risque VIH. En tout cas le risque maximum c’est avec des mecs dont on ne sait rien et qui ne sont ni sous tasp ni sous prép le fameux “je suis clean”.

  • abfab75

    « Pas grave, je suis sous PrEP ! »: il me semble qu’on peut le dire à une personne séropositive si on ne connait pas sa charge virale ou si on ne sait pas si elle est sous traitement. Dans votre exemple, vous estimez (ou sous-entendez) que toute personne contaminée est sous traitement et indétectable, c’est faux et dangereux. En revanche, la PrEP, protège du VIH dans tous les cas. Donc oui, la tournure est indélicate et maladroite quand on parle à une personne indétectable, mais elle est tout à fait acceptable pour une personne séropositive.