« Cole Porter in Paris » au Châtelet, un spectacle sur les années « folles » du génial compositeur américain
Sur la scène du Châtelet, la vie parisienne (dans les années 20) de Cole Porter, génial compositeur et parolier ne fera pas l'impasse sur un aspect important de sa vie : son homosexualité.
À quelques jours de la première du spectacle de fin d'année, Cole Porter in Paris, au Théâtre du Châtelet, Komitid a rencontré Casilda Desazars et Christophe Mirambeau, respectivement chargée des costumes et des décors et auteur de la conception, des dialogues et de la mise en scène de ce spectacle musical avec les Frivolités Parisiennes. Cette compagnie a été créée en 2012 par les musiciens Benjamin El Arbi et Mathieu Franot, au service du répertoire lyrique léger français.
Sur la scène du Châtelet, la vie parisienne (dans les années 20) de Cole Porter, génial compositeur et parolier (Night and Day, You're the Top, I Love Paris) ne fera pas l'impasse sur un aspect important de sa vie : son homosexualité.
Très longtemps cachée par les biographes et dans les films consacrés à Porter, son orientation sexuelle est, selon Christophe Mirambeau, majeure pour comprendre son œuvre et lire entre les lignes. Mais ce spectacle est surtout une célébration de la liberté (pour une petite minorité) de ces années qu'on disait « folles ».
Komitid : « Cole Porter in Paris », est-ce une comédie musicale, du théâtre musical, une revue ?
C'est un spectacle musical. On n'essaie pas d'être Broadway à Paris. C'était le point très important pour notre compagnie. On assimile un répertoire dont beaucoup de titres ont été créés à Paris, par un auteur qui apprécie la culture française et notre légitimité est là. On l'assimile et on la repropose avec notre sensibilité française contemporaine. C'est un grand livre d'images, un grand livre d'émotions, un grand livre d'évocations qui propose une vision fantasmatique de Porter à Paris, dans des années qui sont tout aussi fantasmatiques et que personne désormais n'a connue. On ne peut que réimaginer, personne d'entre nous n'a l'expérience de cela. Notre légitimité, c'est que nous sommes du cru, nous sommes des locaux, sur un type expatrié, qui s'est installé en France, à cause des mouvances artistiques, à cause aussi de cette liberté qui ne pouvait pas s'exprimer vraiment aux États-Unis.
Cole Porter était un immense artiste. Il y a eu des films, des livres sur lui mais son homosexualité a été très peu évoquée, voire pas du tout ?
CM : Absolument. C'était ce qui m'intéressait. Je ne voulais pas faire un biopic mais montrer le rapport entre cette femme, Linda Lee Thomas, et Porter [qu'elle épouse en 1919] sachant très bien qui il est et où vont ses affections. Porter était homo, pas bi. Elle-même a eu un vécu assez tragique : elle avait été mariée à un type violent dont elle avait fini par divorcer. Ce rapport d'un homme homosexuel qui a besoin de cette femme dans sa vie, qui vit dans le Paris de l'après Grande Guerre, une vie sexuelle tout à fait libérée, j'ai trouvé ce triangle formé avec Linda et son amant Boris Kochno très intéressant. D'autant plus que tout cela est très lisible dans les lyrics des chansons de Cole Porter. Au deuxième degré. Toute la vie sentimentale de Porter est dans ses chansons. Je trouvais cela merveilleux de le dire. Et pour traiter de l'homosexualité… je ne l'ai pas traitée ! Pour moi, l'homosexualité n'est pas un sujet. L'être aimé est un homme, c'est tout. L'amour appartient à tout le monde. Mais ça aurait été totalement stupide de ne pas traiter le sujet.
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